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Diplomatie

Emmanuel Macron annonce que la France va reconnaître l’Etat de Palestine en septembre

Le président français avait déjà affiché sa détermination ces derniers mois, avant que la guerre en Iran ne bouleverse l’agenda diplomatique. Si 148 des 193 Etats membres de l’ONU ont déjà franchi le pas, jamais encore un pays du G7 n’a pris une telle décision.
Emmanuel Macron à Berlin, mercredi 23 juin. (RALF HIRSCHBERGER/AFP)
publié le 24 juillet 2025 à 21h51
(mis à jour le 25 juillet 2025 à 6h45)

La France va reconnaître l’Etat de Palestine devant l’ONU en septembre, a annoncé jeudi le président Emmanuel Macron sur ses réseaux sociaux. «Fidèle à son engagement historique pour une paix juste et durable au Proche-Orient, j’ai décidé que la France reconnaîtra l’Etat de Palestine. J’en ferai l’annonce solennelle à l’Assemblée générale des Nations unies, au mois de septembre prochain», écrit le chef de l’Etat français sur X et Instagram. La France coprésidera alors avec l’Arabie Saoudite une conférence internationale au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement visant à relancer la solution dite «à deux Etats», palestinien et israélien.

«L’urgence est aujourd’hui que cesse la guerre à Gaza et que la population civile soit secourue», martèle le président français sur X. Dans ce contexte, «il faut enfin bâtir l’Etat de Palestine, assurer sa viabilité et permettre qu’en acceptant sa démilitarisation et en reconnaissant pleinement Israël, il participe à la sécurité de tous au Proche-Orient».

«Contribution décisive à la paix»

Le 9 avril, dans l’avion qui le ramenait d’une visite en Egypte, le président français avait déjà ouvert la porte à une telle mesure, suggérant qu’elle pourrait être prise rapidement. «On doit aller vers une reconnaissance et donc, dans les prochains mois, on ira. Notre objectif, c’est, quelque part en juin, avec l’Arabie Saoudite, de présider cette conférence où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs», avait-il déclaré.

Le pas aurait dû être franchi à l’occasion d’une conférence à l’ONU sur le sujet le 18 juin, aux côtés du Royaume-Uni et du Canada. Mais les menaces du gouvernement Nétanyahou et l’hostilité des Etats-Unis avait fait vaciller la détermination de l’Elysée, avant que la guerre en Iran n’emporte avec elle tous ces engagements.

A ce jour, 148 des 193 Etats membres de l’ONU reconnaissent l’Etat palestinien. Mais jamais un pays du G7 – le groupe des grandes puissances occidentales – n’a pris une telle décision. En franchissant le pas, la France entend «apporter une contribution décisive à la paix au Proche-Orient» et «mobilisera tous ceux de ses partenaires internationaux qui souhaitent y prendre part», écrit également Emmanuel Macron dans une lettre adressée au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

«Décision imprudente»

Israël a aussitôt décrié une «récompense de la terreur», offrant une «rampe de lancement à l’anéantissement» de l’Etat hébreu, a dénoncé le Premier ministre Benyamin Netanyahou, qui affirme que «les Palestiniens ne cherchent pas à créer un Etat aux côtés d’Israël, ils cherchent à créer un Etat à la place d’Israël ».

Les Etats-Unis, par la voix de leur chef de la diplomatie Marco Rubio, ont «fermement» rejeté jeudi le projet du président français Emmanuel Macron de reconnaître un Etat palestinien, parlant d’une décision «imprudente» qui fait reculer la paix, quelques heures après que ses négociateurs ont quitté le Qatar sur le constat d’une impasse des négociations conduites avec Israël et les porte-voix du Hamas.

«Cette décision imprudente ne sert que la propagande du Hamas et fait reculer le processus de paix. C’est un camouflet pour les victimes du 7 octobre», a protesté le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio un communiqué concis posté sur le réseau X (ex-Twitter).

Mis à jour vendredi à 6h30 avec la réaction d’Israël et des Etats-Unis.