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Libération
Dialogue

Macron demande au nouveau président iranien Raïssi de stopper ses activités nucléaires

Nucléaire iraniendossier
Dans un entretien téléphonique d’une heure, Emmanuel Macron a intimé à Ebrahim Raïssi, intronisé la semaine dernière, de cesser ses violations de l’accord de 2015 sur le nucléaire.
Le nouveau président iranien Ebrahim Raïssi s'exprime devant le parlement à Téhéran, le 5 août dernier. (ATTA KENARE/AFP)
publié le 9 août 2021 à 17h59
(mis à jour le 9 août 2021 à 19h26)

A peine intronisé, le nouveau président iranien Ebrahim Raïssi a du nucléaire sur la planche. Son homologue français, Emmanuel Macron, a voulu lui rappeler au cours d’un entretien téléphonique ce lundi. Il l’a enjoint à «mettre un terme sans délai à toutes les activités nucléaires qu’il poursuit en violation de l’accord» de 2015 sur le nucléaire, selon l’Elysée. Le président français a aussi appelé l’Iran à «reprendre rapidement les négociations à Vienne afin d’aboutir à leur conclusion».

«Dans toute négociation, les droits du peuple iranien doivent être préservés et les intérêts de notre nation garantis», a rétorqué Raïssi, selon le site internet de la présidence iranienne. «Les Américains ont clairement violé leurs obligations en imposant de nouvelles sanctions», a-t-il martelé en évoquant l’«échec» des Européens à l’empêcher.

Le président iranien a exprimé la détermination de Téhéran à «maintenir» sa capacité de «dissuasion» dans les eaux du Golfe, alors que l’Iran a été accusé d’une récente attaque contre un pétrolier au large d’Oman. «La République islamique est très sérieuse s’agissant d’assurer la sécurité et de maintenir [sa capacité] de dissuasion dans la région du Golfe persique et la mer d’Oman», a-t-il affirmé au cours de la discussion téléphonique avec son homologue français, qui a duré une heure. L’Iran «fera face à ceux qui privent la région de sa sécurité», a-t-il ajouté, selon le site internet de la présidence iranienne.

Reprise des négociations

Ebrahim Raïssi, président ultraconservateur, est entré en fonction le 3 août, succédant ainsi au modéré Hassan Rohani. Le religieux de 60 ans va tenter de relever une économie minée par les sanctions américaines et la crise sanitaire. Cela passera par le dialogue sur le nucléaire iranien et l’espoir pour Raïssi d’obtenir une levée des sanctions.

Le négociateur de l’UE chargé du dossier, l’Espagnol Enrique Mora, a en tout cas assisté jeudi à Téhéran à l’investiture du nouveau président. «Il a demandé à parler de l’accord de Vienne sur le nucléaire et son interlocuteur désigné a été Hossein Amir-Abdollahian», qui pourrait devenir le nouveau chef de la diplomatie iranienne, racontait un haut fonctionnaire européen à l’AFP, samedi. «Ses entretiens ont été très utiles, car ils lui ont permis de faire passer des messages, notamment la préoccupation suscitée par les activités nucléaires iraniennes au cours des dernières semaines».

«Les Iraniens lui ont fait part de leur volonté de reprendre les discussions à Vienne le plus tôt possible et sur la base du texte qui était sur la table lors de leur suspension le 30 juin», a précisé le haut fonctionnaire. Mais ils ne veulent pas discuter pour discuter. Ils veulent un accord, ils veulent un succès.» Ils doivent d’abord former un gouvernement et désigner une équipe de négociateurs.

Biden prêt à revenir dans l’accord

Le président américain Joe Biden s’est dit prêt à revenir dans l’accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, dont son prédécesseur Donald Trump (2017-2021) avait retiré les Etats-Unis, à condition que l’Iran respecte à nouveau les restrictions à son programme nucléaire. Pour cela, il devrait lever les sanctions contre l’Iran.

En bon représentant de l’aile dure des conservateurs, Raissi a nommé dimanche un homme sanctionné par les Etats-Unis, Mohammad Mokhber, comme premier vice-président. Pas vraiment un geste de bonne volonté à l’égard de Washington.