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Libération
Droits de l'homme

Mahsa Amini : la famille iranienne de la défunte empêchée de se rendre en France pour recevoir le prix Sakharov

Les parents et le frère de Mahsa Amini, jeune Kurde iranienne décédée l’an dernier, qui devaient recevoir en France le prix Sakharov décerné à la jeune victime à titre posthume, ont été interdits de quitter le territoire iranien, a annoncé samedi 9 décembre leur avocate en France.
Des manifestants portent un portrait de Mahsa Amini alors qu'ils assistent à une manifestation contre le régime iranien devant la place de la Bastille à Paris le 16 septembre 2023, à l'occasion du premier anniversaire de la mort de la jeune femme en Iran. (Dimitar Dilkoff/AFP)
publié le 9 décembre 2023 à 12h08

Un an après la mort de celle qui a été leur fille, et leur sœur, les parents et le frère de Mahsa Amini devaient se rendre en France pour recevoir le prix Sakharov décerné à la jeune victime Kurde iranienne à titre posthume. Mais, alors même qu’ils étaient munis d’un visa, ils n’ont pas pu monter à bord du vol qui devrait les conduire à Paris. Cela leur a été «interdit» par les autorités iraniennes locales et leurs passeports ont été «confisqués», a annoncé samedi 9 décembre Me Chirinne Ardakani, leur avocate en France.

«Ils sont retournés chez eux dans la nuit mais leur avocat Me Saleh Nikbakht est arrivé à Paris pour recevoir en leur nom le prix», a-t-elle ajouté. Le prix Sakharov, plus haute distinction de l’UE pour les droits humains, avait été décerné en octobre dernier par le Parlement européen à Mahsa Amini et au mouvement «Femme Vie Liberté», réprimé dans le sang par le pouvoir en Iran.

Fébrilité des autorités iraniennes

La mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022, à l’âge de 22 ans, trois jours après son interpellation par la police pour un voile mal ajusté, avait entraîné des mois de manifestations de grande ampleur contre les dirigeants politiques et religieux iraniens, dont la répression a provoqué des centaines de morts et des milliers d’arrestations.

«Alors que le Nobel se tient au même moment, les autorités iraniennes n’ont jamais été aussi mobilisées pour éviter que les familles des victimes prennent la parole auprès de la communauté internationale», a estimé Me Ardakani. «On sent que les autorités sont fébriles à l’égard de toute expression de soutien de la communauté internationale», a-t-elle également dit.

«Le meurtre brutal de Dina Mahsa Amini a marqué un tournant», avait souligné la présidente du Parlement, Robert Metso, lors de l’annonce du prix. «Le slogan ‘Femme Vie Liberté’ est devenu un cri de ralliement pour tous ceux qui défendent l’égalité, la dignité et la liberté en Iran», avait-elle ajouté.

Le Parlement européen avait condamné le 23 novembre les attaques de l’Iran contre les femmes, y compris les «meurtres brutaux» de femmes dont celui de Mahsa Amini. Dans une résolution non contraignante adoptée par 516 voix pour, 4 contre et 27 abstentions, il «condamne fermement la détérioration continue de la situation des droits humains en Iran et les meurtres brutaux de femmes perpétrés par les autorités iraniennes, notamment de la lauréate du prix Sakharov 2023, Mahsa Amini».

Et, les eurodéputés ont appelé à la «libération immédiate de toutes les victimes de détention arbitraire et des défenseurs des droits humains», notamment la militante iranienne Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix 2023.