C’est une nouvelle alerte, émise par des agences de l’ONU et des ONG : la famine menace Gaza. Alors que rien, pas une caisse de nourriture, pas un carton de lait pour enfant, n’est entré dans l’enclave depuis le blocus imposé par Israël le 2 mars, la quasi-totalité des Gazaouis font face à une situation de «crise», ou «pire» selon la dernière mise à jour de l’indice IPC, calculé à partir des données d’agences des Nations unies et d’organisations humanitaires. Parmi eux, 22 %, soit 470 000 personnes, encourent un risque de famine «catastrophique». «Avec l’extension annoncée des opérations militaires dans toute la bande de Gaza, l’incapacité persistante des agences humanitaires à accéder aux populations dans le besoin, l’escalade prévue des hostilités et les déplacements massifs de population, le risque de famine dans la bande de Gaza n’est pas seulement possible, il est de plus en plus probable», indique l’IPC.
L’alerte est partagée par Médecins du monde. «En moins d’un an et demi, les taux de malnutrition aiguë à Gaza ont atteint des niveaux similaires à ceux de pays confrontés à des crises de malnutrition de longue durée», tel le Yémen ou le Nigeria, note un rapport de l’ONG publié mardi. Les stocks, accumulés durant la trêve qui avait débuté le 19 janvier, à la veille de l’investiture du président américain, Donald Trump, avant d’être rompue par Israël le 18 mars, sont aujourd’hui quasi épuisés. Le Programme alimentaire mondial a annoncé le 25 avril ne plus avoir aucune réserve.
«L’aide se trouve à seulement quelques kilomètres»
Les premiers touchés sont les enfants, les plus fragiles avec les personnes âgées et les femmes enceintes. «Des mères amènent à notre clinique des bébés qui pèsent à peine 2 kg, a déclaré lundi la directrice de CARE en Palestine, Jolien Veldwijk. Pendant ce temps, l’aide qui pourrait les sauver se trouve à seulement quelques kilomètres, bloquée à la frontière.»
En avril, les équipes des six centres de santé de Médecins du monde ont noté qu’une femme enceinte ou allaitante sur cinq et près d’un enfant sur quatre examinés présentaient «une malnutrition aiguë ou un risque élevé de la développer». Alors que le cabinet de sécurité israélien assure qu’il y a «actuellement suffisamment de nourriture à Gaza», l’ONG alerte sur «l’instrumentalisation de la privation de l’aide et exhorte les dirigeants du monde à prendre des mesures immédiates contre les violations graves du droit international humanitaire».
Elle ne sera pas entendue par le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. «Dans les prochains jours, nous entrerons avec toute notre force pour achever l’opération et vaincre le Hamas, a-t-il déclaré lundi lors d’une rencontre avec des soldats réservistes lundi. Il n’y aura aucune situation où nous arrêterons la guerre. Une trêve temporaire est possible [pour assurer la libération d’otages toujours retenus à Gaza], mais nous irons jusqu’au bout.» Nétanyahou, en situation plus que délicate depuis que ses relations avec Donald Trump se sont détériorées, continue de vouloir chasser les Gazaouis de l’enclave. «Le problème de notre côté se résume à une seule chose : nous avons besoin de pays prêts à les accueillir, a-t-il affirmé lundi. C’est sur cela que nous travaillons actuellement.»