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Libération
Reportage

Une manifestation violente à Beyrouth ravive la crainte de la guerre civile

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Explosions à Beyrouth: la colère des Libanaisdossier
Ce qui avait commencé ce jeudi comme une manifestation pacifique des deux partis chiites contre le juge chargé de l’enquête du port, s’est transformé très rapidement en affrontements en pleine rue, qui ont fait au moins six morts et des dizaines de blessés.
Dans le quartier de Ain El-Remaneh, à Beyrouth, où des manifestations ont dégénérés ce jeudi. (Bilal Hussein/AP)
par Clotilde Bigot, correspondante à Beyrouth
publié le 14 octobre 2021 à 18h06
(mis à jour le 18 octobre 2021 à 13h06)

Aux alentours de 11 heures du matin ce jeudi, plusieurs centaines d’hommes vêtus de noir sont arrivés devant le palais de Justice, situé à quelques centaines de mètres de l’ambassade de France, au sud de Beyrouth. Le Hezbollah et le parti Amal, deuxième parti chiite du pays, ont appelé à manifester pour réclamer le départ et le remplacement du juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020. Les manifestations devaient se dérouler dans le calme, drapeaux libanais à la main. Les étendards y étaient, le calme non. Ce jeudi, en début d’après-midi, la Croix-Rouge faisait état de six morts et une trentaine de blessés.

Des hommes déterminés, prêts à crier leur colère contre celui qu’ils considèrent comme vendu aux Américains et aux Israéliens. «Nous voulons une vraie justice. Pas seulement qu’on pointe du doigt deux ou trois personnes et c’est tout. Ils sont tous responsables, alors qu’ils soient tous entendus !» explique Salman, la vingtaine, qui s’est mis à l’abri des tirs que l’on entend plus loin, depuis quelques minutes. Le juge Bitar a émis des mandats d’arrêt contre plusieurs responsables politiques dans le cadre de son enquête, dont contre Ali Hassan Khalil, ancien ministre des Finances, et membre du parti Amal.

Point de rencontre

«N’allez pas par là-bas, c’est dangereux», met en garde Salman en désignant un carrefour, à 300 m de là. Les premiers coups de feu ont été entendus dès le début du rassemblement. «Ils nous ont tiré dessus !