De quoi atteindre le cap des 15 navires commerciaux attaqués en mer Rouge en à peine plus de deux mois. Deux pétroliers ont été visés samedi 23 décembre par des drones lancés par les rebelles Houthis depuis le Yémen, avec le conflit Hamas-Israël en toile de fond.
Le premier pétrolier, battant pavillon indien, a lancé un appel de détresse après avoir été touché par les tirs, a annoncé le Commandement central américain (Centcom). Il n’y a pas eu de blessé. Le deuxième, battant pavillon norvégien, a également été visé par un drone houthi, qui l’a manqué de peu, a ajouté le Centcom.
Interview
Plus tôt dans la matinée, le navire chimiquier MV Chem Pluto a été touché dans l’océan indien par un «drone d’attaque tiré depuis l’Iran» causant un incendie à bord désormais éteint sans faire de blessé, a déclaré le ministère américain de la Défense. La marine indienne a affirmé avoir dépêché un avion et un navire de guerre pour assister le chimiquier, «affilié à Israël», selon la firme de sécurité maritime Ambrey. La responsabilité de cette frappe n’a pas été établie dans l’immédiat.
Samedi aussi, un destroyer américain patrouillant dans la zone, l’USS Laboon, a abattu quatre autres drones d’attaque houthis qui le visaient, selon le Centcom.
Les routes maritimes réorientées
Ces attaques visant des navires commerciaux depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël ont incité les grandes compagnies maritimes à réorienter leurs navires vers la pointe sud de l’Afrique, malgré les coûts de carburant plus élevés, pour des voyages beaucoup plus longs.
Les Houthis, qui font «partie de l’axe de la résistance» contre Israël, répètent qu’ils continueront leurs attaques tant que la nourriture et les médicaments ne rentreront pas en quantité suffisante dans la bande de Gaza assiégée et bombardée par Israël.
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La Maison Blanche a accusé l’Iran d’être «très impliqué dans la planification» de ces attaques houthis en leur livrant «des équipements militaires sophistiqués» et une «aide en matière de renseignement», sans laquelle les rebelles yéménites «auraient du mal à repérer et frapper» les bateaux.
L’Iran admet son soutien politique aux Houthis, en guerre depuis 2014 contre le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale. Mais Téhéran dément fournir du matériel militaire aux rebelles.
Menace sur la Méditerranée
En réponse, les Etats-Unis ont annoncé lundi 18 décembre la mise en place d’une coalition de dix pays, dont la France. «L’escalade récente des attaques irresponsables des Houthis en provenance du Yémen menace la libre circulation du commerce, met en danger la vie de marins innocents et viole le droit international», a souligné le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en annonçant «l’établissement de l’opération ‘Prosperity Guardian’». Ce samedi, un responsable des Gardiens de la Révolution iraniens, Mohammad Reza Naqdi, a menacé «la fermeture d’autres voies navigables» si la guerre se poursuivait.
«Ils devront bientôt s’attendre à la fermeture de la mer Méditerranée, de Gibraltar et d’autres voies navigables contre eux», a-t-il prévenu. La mer Rouge est une «autoroute» reliant la Méditerranée à l’océan Indien, et donc l’Europe à l’Asie. Environ 20 000 navires y transitent chaque année via le canal de Suez, ce qui représente environ 40 % du commerce mondial.