Vent d’agacement à Ankara. Au cours d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’est ému des critiques l’accusant de manipuler à sa guise les flux migratoires pour faire pression sur l’Union européenne. «C’est de l’ingratitude de dire que “le problème des réfugiés vient de la Turquie”, un pays qui accueille près de cinq millions de réfugiés», a-t-il vitupéré jeudi.
Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte de crise humanitaire et diplomatique, alors qu’une nouvelle route migratoire a vu le jour entre certains pays du Moyen-Orient – en premier lieu l’Irak, le Yémen et la Syrie – et le Bélarus. Le régime de Loukachenko a facilité l’arrivée sur son territoire de migrants pour les pousser aux frontières de l’Union européenne, en représailles aux sanctions des Vingt-Sept. Munis de documents de voyages valides fournis par les consulats bélarusses ou par des agences de voyage ayant pignon sur rue, ces migrants ont transité par Istanbul avant de gagner l’aéroport de Minsk. De là, nombre d’entre eux se sont établis dans des camps de fortune, dans des forêts hérissées de barbelés. Piégés à la frontière du Bélarus et de la Pologne, ils sont les victimes collatérales d’un meurtrier