Le directeur du Centre français de recherche sur l’Irak, Adel Bakawan, auteur de l’Irak. Un siècle de faillite de 1921 à nos jours (Tallandier, 2021), revient sur l’incertitude économique qui pèse sur la jeunesse kurde et la pousse à prendre la route de l’exil vers l’Europe. D’après l’Association des réfugiés du Kurdistan, 3 000 Kurdes ont quitté la région ces trois derniers mois. Parmi eux, 1 600 auraient rejoint le Bélarus avec un visa de tourisme octroyé par le régime de Minsk, accusé par l’Union européenne d’avoir organisé une filière d’immigration illégale pour se venger des sanctions européennes contre l’autocrate Alexandre Loukachenko et ses proches.
Pourquoi les jeunes du Kurdistan aspirent-ils davantage à émigrer ?
Les jeunes d’Irak et les jeunes du Kurdistan n’ont pas les mêmes aspirations. La majorité des Irakiens, qui habitent dans le sud et le centre du pays, rêvent de passer leurs vacances dans le Nord, dans les provinces du Kurdistan : dans les villes de Dohuk, Souleymanieh ou Erbil. Tandis que la jeunesse de ces villes souhaite massivement quitter le Kurdistan irakien pour s’installer dans les pays du Golfe, la Turquie, et évidemment l’Europe. Le premier niveau d’analyse se situe au plan politique : on oublie souvent que le Kurdistan irakien n’est pas un Etat,