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«Mon Dieu, de la lumière !» : une journaliste de CNN tombe nez à nez sur un prisonnier syrien abandonné qui ignorait la chute de Bachar al-Assad

Lors d’un reportage dans une prison secrète de Damas, libérée par les rebelles, la journaliste de guerre Clarissa Ward croise par hasard Adil Hurbal, un Syrien emprisonné par le régime de Bachar al-Assad depuis plusieurs mois. L’homme apprend en direct la fuite du dictateur syrien.
Ce Syrien explique avoir été enfermé dans cette cellule de la prison de Damas, sans fenêtre, depuis trois mois. (CNN)
publié le 12 décembre 2024 à 22h23
(mis à jour le 13 décembre 2024 à 15h25)

La séquence télévisée restera dans les mémoires, elle fait déjà le tour des réseaux sociaux. Dans un reportage filmé dans une des prisons secrètes de Damas – dont certaines, comme Sednaya, sont considérées comme des «abattoirs» – nous suivons la journaliste vedette de CNN, Clarissa Ward, naviguer dans les cachots afin de retrouver la trace d’un journaliste américain. Au bout d’un couloir de cette «prison secrète» de Damas, la reporter tombe nez à nez avec un détenu au sol, camouflé sous une couverture, qui clame immédiatement être un civil en levant les mains. Il est l’un des derniers hommes présents dans la prison.

L’air hagard, ce Syrien explique avoir été enfermé dans cette cellule privée de fenêtre depuis près de trois mois. «Il dit au rebelle qu’il est de la ville de Homs», explique la journaliste en voix off, tout en ajoutant que le prisonnier n’a pas eu de nourriture ni d’eau depuis au moins quatre jours. Adil Hurbal, effrayé, se cramponne fermement aux bras de ses libérateurs. Clarissa Ward lui offre à boire, tout en lui répétant «You are okay» à plusieurs reprises.

Le reportage se poursuit, et l’on voit alors l’homme franchir le seuil de la porte menant à l’extérieur. Il lève alors les yeux vers le ciel, toujours ébahi par ce qu’il vit. «Mon Dieu, de la lumière !», s’exclame-t-il en prenant la journaliste dans ses bras.

Les rebelles lui apprennent ensuite qu’«il n’y a plus d’armée, plus de prisons, plus de checkpoints». «Tu es sérieux ?», lance le désormais ancien détenu. «La Syrie est libre», reçoit-il en réponse. Dans la nuit de dimanche à lundi, son pays a été libéré du joug de Bachar al-Assad et son régime. Un tremblement de terre qu’il ignorait totalement. Dans la suite du reportage, Adil Hurbal explique ensuite avoir été interpellé chez lui par le service de renseignement militaire syrien afin d’être interrogé sur «des noms de terroristes». L’homme sera finalement pris en charge par les services de secours du Croissant rouge, toujours en état de choc.

Après la diffusion du reportage, la chaîne d’information en continu a tenu à préciser quelques détails sur le contexte de cette séquence filmée à Damas. «Alors qu’ils recherchaient le journaliste américain Austin Tice dans l’une des nombreuses prisons secrètes de Syrie, Clarissa Ward, grand reporter CNN, et son équipe - le producteur Brent Swails et le caméraman Scott McWhinnie - ont fait cette découverte surprenante au plus profond du quartier général des services de renseignements de l’armée de l’air syrienne. Après qu’un garde a tiré sur le verrou de la porte de la cellule, l’équipe a trouvé un homme caché sous une couverture», indique CNN dans un communiqué.

«En près de vingt ans de carrière de journaliste, ce fut l’un des moments les plus extraordinaires dont j’ai été témoin», explique de son côté la journaliste à la fin de son reportage. Elle ajoute : «Des dizaines de milliers de Syriens ont disparu dans les prisons d’Assad et cet homme, il y a encore à peine quinze minutes, faisait partie de l’un d’entre eux.»

Mise à jour : vendredi 13 décembre à 15h15, avec le communiqué de CNN