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Libération
Peine de mort

Mort de Mahsa Amini en Iran : un huitième manifestant exécuté

L’Iran a exécuté ce mardi 23 janvier au matin Mohammad Ghobadlou, accusé d’avoir tué un policier et d’en avoir blessé cinq autres lors des manifestations déclenchées à la suite de la mort de Mahsa Amini. Il était atteint de troubles mentaux, selon des documents publiés par la BBC.
Mohammad Ghobadlou. (Capture d'écran X)
publié le 23 janvier 2024 à 11h27

La répression se poursuit en Iran. Un huitième manifestant qui s’était mobilisé à l’automne 2022 après la mort de Mahsa Amini a été exécuté ce mardi. «La peine de mort de Mohammad Ghobadlou a été appliquée ce matin après 487 jours de procédure légale», indique ce mardi 23 janvier l’agence judiciaire Mizan Online. Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre la famille du jeune Iranien rassemblée devant la prison de Ghezel Hesar, située à 20 kilomètres de Téhéran et tristement célèbre pour ses conditions de détention. «Vous avez tué mon enfant», entend-on de la bouche de sa mère, en pleurs.

Mohammad Ghobadlou, 22 ans, a été condamné à mort pour avoir renversé des policiers avec une voiture, faisant un mort et plusieurs blessés. Il a aussi été accusé de «corruption sur la Terre» à l’issue d’un procès que les organisations de défense des droits humains ont jugé «inéquitable». Le jeune homme serait bipolaire, selon des documents médicaux publiés par la BBC en persan. Habitant de Téhéran, cet ancien étudiant devenu barbier a été torturé en prison, selon Amnesty International, qui s’était dite «sérieusement inquiète» sur son sort.

Une exécution jugée conforme à la loi islamique

Les faits s’étaient déroulés durant les émeutes provoquées en septembre 2022 par la mort de la jeune Kurde iranienne de 22 ans, décédée trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour un voile mal ajusté. Sa mort a entraîné des mois de manifestations contre les dirigeants politiques et religieux iraniens, la jeune femme devenant le symbole de la lutte contre l’obligation du port du voile. La répression violente de ce mouvement a provoqué des centaines de morts et des milliers d’arrestations. Téhéran a accusé principalement les Etats-Unis, ennemi juré de l’Iran, d’être derrière ces protestations.

En février 2023, la Cour suprême iranienne avait accordé à Mohammad Ghobadlou une suspension de l’exécution et confié l’affaire à une autre juridiction afin de procéder à un examen de sa santé mentale, selon un rapport de l’agence de presse iranienne Mehr. Ce mardi, la Cour a finalement approuvé l’application de la peine capitale la jugeant conforme à la loi islamique.

Mohammad Ghobadlou est la huitième personne exécutée après avoir été condamnée pour meurtre ou violences à l’encontre des forces de sécurité lors de ces manifestations. Depuis décembre 2022, la République islamique a exécuté Saleh Mirhashemi Baltaghi, Majid Kazemi, Saeed Yaqoubi Kordafli, Sayed Mohammad Hosseini, Mohsen Shekari, Majid Reza Rahnavard et Mohammad Mehdi Karami. Libération avait publié leur portrait. L’Iran est le pays qui procède au plus grand nombre d’exécutions par an, en grande majorité par pendaison, après la Chine, selon Amnesty International.