Un «archi-terroriste» pour Israël, un «martyr» pour l’Iran. Et des menaces qui pleuvent. Depuis l’annonce survenue samedi 28 septembre de la mort du chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, les réactions internationales déferlent. Le guide religieux chiite est décédé dans une frappe israélienne survenue la veille sur le quartier général du mouvement armé à Beyrouth. Tandis que l’allié iranien promet la «destruction» à Tel-Aviv, la communauté internationale – à l’exception des Etats-Unis qui saluent une «mesure de justice» – craint une surenchère dans la violence. De son côté, Israël célèbre une disparition rendant «le monde plus sûr».
Reportage
«Nasrallah était l’un des plus grands ennemis de tous les temps de l’Etat d’Israël […]. Son élimination rend le monde plus sûr», a déclaré le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari, lors d’une conférence de presse télévisée ce samedi. Mêmes félicitations du côté du ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz qui qualifie les bombardements de «mesures antiterroristes les plus justifiées» pour amener à «l’élimination d’un architerroriste». Une position soutenue par le président américain Joe Biden qui voit là une «une mesure de justice» envers les «nombreuses victimes […] américaines, israéliennes et libanaises» du Hezbollah.
Menace de «destruction»
Au Liban, les raids israéliens ayant précédé puis amené la mort du chef du Hezbollah ont aussi fait plusieurs centaines de victimes civiles. De quoi susciter la colère de l’Iran et ses alliés qui, de leur côté, pleurent un «martyr». «Nous avertissons les dirigeants du régime d’occupation que l’effusion de sang injuste, en particulier celle du secrétaire général du Hezbollah, le martyr Sayyed Hassan Nasrallah, entraînera leur destruction», prévient auprès de l’agence iranienne Isna le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref, alors que le guide suprême Khamenei a décrété cinq jours de deuil public. Un appel auquel se joignent les Houthis du Yémen. Les rebelles affirment que la mort du leader «renforce leur détermination» et «attisera la flamme du sacrifice».
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Avec le Hezbollah libanais, les Houthis font partie de ce que l’Iran, ennemi juré d’Israël, appelle l’«axe de la résistance». Aux côtés du Hamas palestinien qui, lui aussi, condamne la mort de Hassan Nasrallah. «Nous condamnons dans les termes les plus forts cette agression barbare sioniste et la prise pour cible de bâtiments résidentiels […] Nous considérons cela comme un acte terroriste lâche», indique le mouvement à l’origine du massacre de civils israéliens du 7 octobre dans un communiqué. Le président palestinien Mahmoud Abbas a quant à lui «présenté ses sincères condoléances au gouvernement libanais» et dénoncé une «agression israélienne brutale et la poursuite de la guerre d’extermination contre les peuples palestinien et libanais». Depuis le début de la guerre avec Israël il y a un an, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas décompte plus de 41 000 morts dans la bande de Gaza.
«Dramatique escalade»
Avec la disparition de Hassan Nasrallah, Israël s’attire aussi l’ire du reste du Moyen-Orient. Bagdad comme Damas fustigent «l’entité sioniste». Qui «a franchi toutes les lignes rouges» selon le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani. Ou qui «confirme à travers cette agression méprisable, une fois de plus […] son dédain du droit international», selon le ministère syrien des Affaires étrangères. Sans commenter la mort du guide religieux, le président turc Recep Tayyip Erdogan accuse Israël de préparer un «génocide» au Liban. «En conséquence des attaques brutales d’Israël, de nombreux Libanais, dont des enfants, ont été assassinés depuis une semaine. Aucune personne dotée de conscience ne peut accepter, excuser ou justifier un tel massacre», écrit le chef de l’Etat turc.
De quoi susciter les craintes d’une partie de la communauté internationale. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres se dit «très inquiet de la dramatique escalade» à Beyrouth ces dernières 24 heures et appelle ce «cycle de violence» à s’arrêter. Inquiétude partagée par Berlin. «Il existe un risque de déstabilisation pour l’ensemble du Liban. Et cela n’est en aucun cas dans l’intérêt de la sécurité d’Israël», déclare à la chaîne de télévision allemande ARD, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock. De son côté, la France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a demandé à Israël de cesser de frapper le Liban et rappelé son opposition à une opération terrestre. Si elle «condamne fermement» un «assassinat politique», la Russie elle aussi appelle Israël à «mettre fin à l’effusion de sang».
Mise à jour à 19h51 avec la nouvelle réaction du quai d’Orsay