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Tensions entre Washington et Téhéran : de nouveaux pourparlers sur le nucléaire iranien prévus ce dimanche

Face au blocage des négociations sur le nucléaire iranien, Trump s’est dit ce mercredi 11 juin «beaucoup moins confiant» sur leur issue. Face à un possible danger, les Etats-Unis évacuent des membres non essentiels de leur ambassade en Irak.
L'ambassade des États-Unis à Bagdad, en Irak. (Murtadha Sudani /Anadolu. AFP)
publié le 11 juin 2025 à 22h16
(mis à jour le 12 juin 2025 à 8h44)

Une crainte de dangereuse escalade. Les Etats-Unis ont annoncé ce mercredi 11 juin une réduction des effectifs de leur ambassade en Irak pour des raisons de sécurité, alors que l’Iran a menacé les bases américaines au Moyen-Orient en cas de conflit.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, Donald Trump a confirmé qu’«ils sont en train d’être déplacés parce que cela pourrait être un endroit dangereux», alors qu’il assistait à une représentation des Misérables au Kennedy Center, à Washington.

La communication n’est cependant pas complètement rompue entre les deux pays. Le médiateur omanais a annoncé ce jeudi 12 juin la tenue d’une nouvelle série de discussions dimanche à Mascate entre Téhéran et Washington. «Je suis heureux de confirmer que le sixième cycle de négociations entre l’Iran et les Etats-Unis se tiendra à Mascate dimanche 15» juin, a déclaré le ministre omanais des Affaires étrangères, Badr Albusaidi sur X.

En cas d’échec des négociations sur le programme nucléaire iranien, si «un conflit nous est imposé, l’autre camp subira assurément plus de pertes que nous», a lancé mercredi le ministre iranien de la Défense, Aziz Nasirzadeh. «Leurs bases sont à notre portée» et «les Etats-Unis devront quitter la région.»

«Sur la base de notre dernière analyse, nous avons décidé de réduire l’empreinte de notre mission en Irak», a déclaré un responsable américain sous couvert d’anonymat. S’exprimant également sous anonymat, un responsable du Département d’Etat a tenu un propos similaire, soulignant que le président Trump était «déterminé à assurer la sécurité des Américains, dans le pays et à l’étranger». «Conformément à cet engagement, nous évaluons en permanence» les effectifs des ambassades américaines, a-t-il justifié.

A Bagdad, un haut responsable de la sécurité irakien a confirmé à l’AFP «un retrait des employés non-essentiels» de l’ambassade américaine. «Nous allons oeuvrer à empêcher toute attaque contre l’ambassade» américaine, a précisé ce responsable s’exprimant sous anonymat, évoquant des «contacts» avec les groupes armés pro-iraniens «pour les convaincre de ne pas tirer, ni prendre pour cible» la représentation diplomatique. L’agence de sécurité maritime UKMTO, gérée par la marine britannique, a pour sa part publié une note d’information alertant sur «la montée des tensions» au Moyen-Orient, susceptible d’entraîner «une escalade des activités militaires avec un impact direct sur les marins».

Les Etats-Unis disposent de nombreuses bases militaires dans le voisinage de l’Iran, la plus importante étant située au Qatar, où le siège du commandement central de l’armée américaine au Moyen-Orient (Centcom) est installé.

Une nouvelle réunion incertaine

L’Iran et les Etats-Unis, autrefois proches alliés mais à couteaux tirés depuis quatre décennies, ont tenu depuis avril cinq cycles de pourparlers sur le nucléaire sous médiation du sultanat d’Oman. De nouvelles discussions sont prévues dimanche, selon l’Iran. Le président américain, Donald Trump, a lui annoncé que cette réunion aurait lieu jeudi, tandis que le médiateur omanais n’a pas commenté.

«Je suis beaucoup moins confiant (qu’auparavant) de parvenir à un accord», avec l’Iran, a déclaré Donald Trump dans un podcast du New York Post, enregistré lundi et diffusé mercredi. «Ils semblent tergiverser», a souligné le dirigeant américain, qui a plusieurs fois menacé de s’en prendre militairement à l’Iran en cas d’échec de la diplomatie. «Ce serait mieux de le faire sans guerre. Sans morts, ce serait tellement mieux», a mis en avant le chef d’Etat républicain, ajoutant ne «pas voir le même enthousiasme» chez les Iraniens «pour conclure un accord».

Les deux pays tentent de s’entendre sur un potentiel texte qui empêcherait l’Iran de se doter de l’arme atomique - une ambition que Téhéran se défend farouchement de nourrir - en échange d’une levée des sanctions qui paralysent son économie. Les discussions butent notamment sur la question de l’enrichissement d’uranium. Les Etats-Unis exigent que l’Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran considère cette demande comme non négociable, arguant qu’elle est contraire au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) dont il est signataire.

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60 %), bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l’accord multilatéral sur le nucléaire conclu avec l’Iran en 2015 mais dont les Etats-Unis se sont retirés. Pour fabriquer une bombe atomique, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90 %, d’après l’AIEA, gendarme onusien du nucléaire.

En 2018, Donald Trump en avait retiré unilatéralement son pays et rétabli des sanctions américaines contre l’Iran. En représailles, Téhéran a dans la foulée fait monter en puissance son programme nucléaire.

Mise à jour à 8 h 41 avec l’annonce d’un nouveau round de négociations prévu dimanche et les propos de Donald Trump.