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Interview

Nawaf Salam, Premier ministre du Liban : «L’important, c’est de rétablir la confiance»

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A 71 ans, après une carrière internationale aux Nations Unies et à la Cour internationale de justice, Nawaf Salam dirige le gouvernement libanais depuis huit mois. Sélim Nassib, écrivain et chroniqueur à «Libération», l’a rencontré pour comprendre comment il entendait sortir le pays d’un demi-siècle de paralysie.

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam, à Beyrouth le 17 septembre. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
Par
Selim Nassib
Publié le 03/10/2025 à 18h39

Nous nous sommes retrouvés chez lui plutôt qu’au Grand Sérail, le siège du gouvernement libanais, somptueux bâtiment à l’architecture ottomane et aux vastes pièces un peu froides. Plutôt que de s’y installer comme nombre de ses prédécesseurs, Nawaf Salam a préféré demeurer dans son appartement situé dans une rue ordinaire de Beyrouth, un immeuble moderne dont l’entrée est cependant gardée par une demi-douzaine de soldats. Nous nous étions connus à la Cité universitaire de Paris au début des années 70. Mai 68 était encore dans nos têtes, on croyait toujours au grand soir, y compris pour notre Liban natal, promis comme les autres à une révolution certaine qui balayerait son vieux régime confessionnel et permettrait à ses enfants, quelle que soit leur religion, d’accéder à une citoyenneté pleine et entière. Cet espoir a été douché à partir de 1975 – et de quelle manière ! – par une guerre civile atroce qui a duré quinze longues années.

A la fin de cette guerre, les milices qui avaient ravagé le pays ont accepté de rendre les armes (toutes sauf une, le Hezbollah), à condition qu’on les amnistie d