Un voyage de quatre jours sous très haute tension. Benyamin Nétanyahou doit se rendre en Hongrie le 2 avril, annonce ce dimanche son bureau, et ce en dépit d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) pour des soupçons de crimes de guerre et contre l’humanité à Gaza. Au cours de sa visite, le Premier ministre israélien devrait s’entretenir avec son homologue hongrois, le Premier ministre Viktor Orban et d’autres hauts responsables du pays avant de retourner en Israël le 6 avril.

Viktor Orban a adressé une invitation à Benyamin Nétanyahou, faisant fi de la décision de la justice internationale, qu’il avait qualifiée de «honteuse» l’année dernière. La Hongrie a signé le Statut de Rome, le traité international qui a créé la CPI, en 1999 et l’a ratifié deux ans plus tard, pendant le premier mandat de Viktor Orban. Mais Budapest n’a jamais promulgué la convention associée au Statut de Rome, pour des raisons de conformité avec sa Constitution, et affirme donc qu’elle n’est pas tenue de se conformer aux décisions de la CPI.

Benyamin Nétanyahou appellé le Hamas à déposer les armes et a proposé l’exil à ses dirigeants ce dimanche. Le chef du gouvernement israélien a affirmé que «la pression militaire» accrue d’Israël sur le Hamas à Gaza «fonctionne». «Nous pouvons voir des brèches commencer à apparaître» dans le cadre des négociations, a déclaré le Premier ministre au début d’une réunion de son cabinet. «Le Hamas doit déposer les armes. Ses dirigeants seront (alors) autorisés à partir», a-t-il ajouté. Le Hamas et Israël ont tous deux déclaré samedi avoir reçu une nouvelle proposition de trêve de la part des médiateurs, visant à rétablir le cessez-le-feu à Gaza. Si le mouvement palestinien s’est dit prêt à l’accepter, l’Etat hébreu dit avoir transmis «une contre-proposition en totale coordination avec les Etats-Unis».

Les secouristes de la Défense civile de Gaza ont rapporté qu’une frappe aérienne israélienne à Khan Younès (dans le sud de l’enclave) sur une maison et une tente abritant des personnes déplacées a tué au moins huit personnes, dont cinq enfants, au premier jour de l’Aïd al-Fitr. Plus tard ce dimanche, l’hôpital Nasser a fait état de 17 personnes tuées au total dans des frappes aériennes sur Khan Younès, «pour la plupart des enfants et des femmes». La campagne militaire d’Israël contre le mouvement islamiste palestinien a tué au moins 50 277 personnes à Gaza, dont la majorité sont des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont les données sont jugées fiables par l’ONU.

Emmanuel Marcon a déclaré ce dimanche sur X s’être entretenu avec Benyamin Nétanyahou. Le président de la République explique avoir rappelé que «la libération de tous les otages et la sécurité d’Israël sont une priorité pour la France». Il assure par ailleurs avoir demandé au Premier ministre israélien de «mettre fin aux frappes sur Gaza et à revenir au cessez-le-feu», au moment où Israël poursuit ses bombardements sur le territoire palestinien, pour que l’aide humanitaire puisse «reprendre immédiatement». Le Président a également «appelé Israël au strict respect du cessez-le-feu» au Liban, alors que le pays a bombardé vendredi la banlieue sud de Beyrouth pour la première fois après quatre mois de trêve.

Après le déclenchement des sirènes d’alerte aérienne dans plusieurs régions israéliennes, Tsahal a annoncé ce dimanche matin avoir intercepté un missile tiré depuis le Yémen, «avant qu’il pénètre en territoire israélien», a expliqué l’armée. Depuis l’agression du 7 octobre 2023, les rebelles Houthis yéménites, soutenus par l’Iran et affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des dizaines d’attaques de missiles contre Israël et, en mer Rouge - zone essentielle pour le commerce mondial - contre des navires auxquels ils reprochent des liens divers avec Israël. Ces attaques avaient cessé avec la trêve entrée en vigueur le 19 janvier mais les Houthis, qui ont revendiqué la reprise de leurs tirs sur Israël, ont promis de les intensifier tant qu’Israël continuerait ses frappes sur Gaza.

Le Croissant-Rouge palestinien a affirmé ce dimanche avoir retrouvé les corps de 15 secouristes, dont il était sans nouvelles depuis le 23 mars, après des tirs israéliens sur des ambulances dans l’ouest de Rafah (sud de la bande de Gaza). Selon l’organisation humanitaire, les dépouilles de «huit ambulanciers des équipes du Croissant-Rouge palestinien, six membres de la Défense civile et un employé de l’agence des Nations unies» ont à ce jour été retrouvées. L’armée israélienne avait reconnu samedi avoir tiré sur des ambulances dans la bande de Gaza après avoir jugé ces véhicules «suspects».

Mise à jour : à 19h03, avec l’ajout des déclarations d’Emmanuel Macron