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Analyse

Nétanyahou, plus longue sera la chute

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Humilié par le père d’un otage exécuté, incapable d’empêcher les fuites dans ses affaires de corruption, le Premier ministre israélien bénéficie encore d’un système politique bloqué. Mais pour combien de temps ?
Benjamin Nétanyahou, à Jérusalem, le 4 septembre. (Abir Sultan/AFP)
par Nicolas Rouger, correspondant à Tel-Aviv
publié le 10 septembre 2024 à 18h23

Le segment est passé à une heure de grande écoute sur la radio publique israélienne, lundi 9 septembre, alors que beaucoup d’Israéliens étaient bloqués dans les embouteillages. «Arrêtez de vous préoccuper des sièges et des sondages. Arrêtez !» dit une voix déchirée, celle d’Elchanan Danino, rabbin ultraorthodoxe séfarade, et père d’Ori, qui faisait partie des six otages israéliens exécutés par le Hamas et retrouvés à Gaza dans la nuit du 31 août au 1er septembre. En face, Benyamin Nétanyahou, en visite officielle à la famille, encaisse. «Je ne sais pas s’il y avait un accord ou pas… Mais mon fils a été exécuté dans un tunnel que vous avez construit, continue le père. Vous êtes au pouvoir depuis des années, le béton et les dollars sont rentrés avec votre permission.»

Derrière l’arrogant baryton de Benyamin Nétanyahou et les injonctions maladroites de sa femme Sara, derrière la colère d’Elchanan Danino, on entend clairement les sanglots d’une mère, Einav. Le rabbin en appelle aux valeurs juives, à la conscience du Premier ministre, qui doit prendre ses responsabilités. Celui-ci se défend mollement. C’est enfin Sara Nétanyahou qui contre-attaque : «Rabbin Elchanan, vous répétez des choses qu’on vous a dit de dire.» Les journalistes laissent au public le temps de digérer le message. «Comment peut-on dire au père d’un otage, dont le fils vient de mourir : “tu dis ce qu’ils t’ont dit de dires’indigne calmement l’un d’entre eux.

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