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Libération
Décryptage

Nombre d’otages échangés, arrêt des combats, aide humanitaire : ce que pourrait contenir l’accord de trêve à Gaza

Guerre au Proche-Orientdossier
Après un mois et demi de guerre entre Israël et le Hamas, une trêve n’a jamais été aussi proche ce mardi 21 novembre. «Libération» fait le point sur ce que pourraient être les termes de l’accord.
Un proche d'otages détenus dans la bande de Gaza accroche des affiches, à Tel Aviv, mardi 21 novembre 2023. (Amir Cohen/REUTERS)
publié le 21 novembre 2023 à 13h50
(mis à jour le 21 novembre 2023 à 16h26)

Les négociations en vue de la libération d’otages, détenus par le Hamas à Gaza, sont en «phase finale», a assuré ce mardi 21 novembre le ministère des Affaires étrangères du Qatar, l’un des médiateurs en chef. «Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord», a-t-il ajouté, suscitant une bouffée d’espoir parmi les familles des quelque 240 personnes qui sont captives depuis le 7 octobre. Selon des sources au sein du Hamas et du Jihad islamique, l’autre groupe islamiste armé palestinien à l’œuvre à Gaza, les deux mouvements ont accepté un accord, qu’Israël ne commente pas pour l’instant. Après un mois et demi de combats, quelles pourraient être les grandes lignes d’un accord de trêve entre Israël et le Hamas ? Libération fait le point.

53 otages contre 150 prisonniers palestiniens ?

Selon le journal israélien Ynet, le cabinet de guerre, le cabinet élargi et le gouvernement israélien vont se réunir ce mardi soir afin d’approuver l’accord sur les otages. Un accord qui devrait entrer en vigueur «vers la fin de la semaine», précise le journal. Toujours selon Ynet, les termes de l’accord porteraient sur une libération de 53 otages israéliens. En échange de cette libération, l’Etat hébreu aurait accepté de libérer entre 140 et 150 prisonniers palestiniens.

Plus tôt ce mardi, deux sources proches du dossier avaient dans un premier temps fait état d’une libération de «50 à 100» otages civils en échange de la libération de 300 femmes et enfants palestiniens détenus par Israël. Un transfert d’individus qui se ferait par étapes à raison de «dix» otages israéliens contre «trente» prisonniers palestiniens par jour. C’est ce que détaillait ce mardi matin un haut fonctionnaire israélien auprès de la chaîne d’information Channel 12. Tout en soulignant qu’il reste encore des questions techniques à résoudre, ce haut fonctionnaire affirmait qu’un accord a été conclu pour la libération d’au moins 50 personnes : des enfants, leurs mères et d’autres femmes. Pas d’hommes, donc.

Côté israélien, on insiste justement sur ce «regroupement familial» : si un civil était libéré, son partenaire le serait également, même s’il était soldat. Une mesure que le Hamas, opposé à la libération de militaires, refuse pour le moment. «Le Qatar et l’Egypte œuvrent actuellement avec l’administration américaine pour résoudre cette question», d’après des sources proches du dossier. Et «dès que ce point sera réglé, la date d’une trêve humanitaire de cinq jours, éventuellement renouvelable, sera annoncée». Cet accord constituerait la plus importante libération d’otages et le premier échange de prisonniers depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Le Hamas a capturé environ 240 otages lors de sa percée en Israël, qui a fait 1 200 morts selon les autorités israéliennes, en grande majorité des civils. Selon la loi israélienne, les familles israéliennes de victimes du terrorisme auront 24 heures pour faire appel contre la libération de prisonniers palestiniens «avec du sang sur les mains», a précisé le porte-parole du gouvernement israélien Eylon Levy lors d’un briefing organisé ce mardi après-midi.

Une trêve de quatre jours et l’entrée de camions d’aide humanitaire ?

Selon le journal israélien Ynet, la trêve évoquée dans le projet d’accord pourrait durer finalement quatre jours. Le texte prévoit «un cessez-le-feu complet et un arrêt du survol des avions israéliens de la bande de Gaza, sauf au-dessus du nord du territoire où les avions pourront faire des vols pendant 18 heures par jour», toujours selon les sources proches du dossier. Cette partie nord représente un tiers de la bande de Gaza, et quelque 800 000 personnes s’y trouvent encore selon l’ONU. Selon le média israélien Ynet, il existerait un autre accord : «si le Hamas libère 20 otages supplémentaires, il sera possible d’ajouter deux jours de trêve supplémentaires». Toujours d’après Ynet, l’Etat hébreu se préparerait à une «éventuelle prolongation de la trêve au-delà de six jours, en fonction de la libération des personnes enlevées».

Le Hamas exigerait aussi que l’accord porte sur les drones au-dessus de Gaza. Selon le site d’information Walla, le chef du Hamas souhaite que les vols soient suspendus au-dessus de l’ensemble du territoire, tandis que Ynet affirme que le mouvement islamiste cherche à limiter les vols à six heures par jour au-dessus du nord de la bande de Gaza uniquement, ce qu’Israël avait jusqu’à présent refusé. Mais selon la chaîne d’information américaine CNN, une source proche du dossier a déclaré qu’Israël avait accepté de s’abstenir de faire voler des drones de collecte de renseignements dans la bande de Gaza pour une durée de six heures par jour au cours du cessez-le-feu. Ces drones sont notamment utilisés pour le suivi des libérations d’otages.

L’accord comprendrait également l’entrée dans la bande de Gaza, y compris dans le Nord, de 100 à 300 camions d’aide alimentaire et médicale ainsi que du carburant, ont ajouté ces sources.

Lundi soir, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a rencontré des dirigeants du Qatar ainsi qu’Ismaïl Haniyeh, basé dans l’émirat du Golfe, afin «d’avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza». Si le CICR a assuré ne pas participer à ces pourparlers, il a insisté pour que ses «équipes soient autorisées à rendre visite aux otages afin de s’assurer de leur bien-être et pour leur administrer des médicaments, et afin que les otages soient en mesure de communiquer avec leurs familles», selon un communiqué.

La primeur de l’annonce au Qatar ?

Ce mardi 21 novembre matin, interrogé sur la chaîne Al-Jazeera, Izzat el Reshiq, porte-parole du Hamas, a donné des précisions sur la portée et le calendrier d’un éventuel accord de trêve entre le mouvement palestinien et les autorités israéliennes. «L’accord attendu portera sur des femmes et des enfants israéliens actuellement otages en échange de femmes et d’enfants palestiniens actuellement dans les geôles de l’occupant» israélien, a souligné Izzat el Reshiq, avant d’ajouter que les détails de cette trêve seront annoncés par le Qatar «dans les heures qui viennent». Le porte-parole a également accusé le gouvernement Nétanyahou de modifier les termes de l’accord en continuant ses opérations militaires à Gaza mardi. «Ils veulent casser notre résistance, cela n’arrivera pas», a-t-il prévenu.

Mise à jour à 15h02 : avec des précisions sur les survols de Gaza par des drones.