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Lettre

«Nous avons le devoir de nous lever» : 550 anciens maîtres espions et généraux israéliens exhortent à «arrêter la guerre» à Gaza

Des hauts responsables, parmi lesquels plusieurs ex-patrons du Mossad et du Shin Bet, ont appelé le président américain à faire pression sur Benyamin Nétanyahou en vue d’un accord.
La bande de Gaza assiégée vu depuis la frontière israélienne, vendredi 1er août. (Jack Guez/AFP)
publié le 4 août 2025 à 10h52

«Arrêtez la guerre à Gaza !» Le courrier du mouvement des «Commandants pour la sécurité d’Israël» (CIS), adressé à Donald Trump et rendu public dans la nuit de dimanche 3 à lundi 4 août, a le mérite d’être clair. Les 550 anciens chefs espions, militaires, policiers et diplomates en appellent au président américain pour qu’il agisse auprès de leur Premier ministre.

«Nous avons le devoir de nous lever. [...] Cette guerre a cessé d’être une guerre juste et conduit l’Etat d’Israël à perdre son identité», alerte Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, le service de sécurité intérieure israélien, dans une vidéo diffusée par le mouvement pour accompagner la publication de leur lettre. L’ex-responsable affiche depuis longtemps ses inquiétudes sur les orientations du gouvernement Nétanyahou.

Trois anciens patrons du Mossad, le service de renseignement extérieur (Tamir Pardo, Efraim Halevy, Danny Yatom), cinq ex-dirigeants du Shin Bet (Nadav Argaman, Yoram Cohen, Ami Ayalon, Yaakov Peri, Carmi Gilon) et trois ex-chefs d’état-major (Ehud Barak, Moshe Bogie Yaalon, Dan Halutz) figurent aussi parmi les signataires de la lettre et apparaissent dans les vidéos. «Au nom de CIS, le plus grand groupe israélien d’anciens généraux de l’armée, Mossad, Shin Bet, police et corps diplomatiques équivalents, nous vous exhortons à mettre fin à la guerre à Gaza. Vous l’avez fait au Liban. Il est temps de le faire à Gaza également», plaident-ils.

Parmi leurs arguments figure le fait que l’armée israélienne a «depuis longtemps» rempli les deux objectifs atteignables par la force : «démanteler les formations militaires et le gouvernement du Hamas». Le troisième, «le plus important», ne peut maintenant qu’être atteint «par un accord : ramener tous les otages chez eux».

«Le Hamas ne représente plus une menace stratégique»

Pour ces anciens généraux et maîtres espions, «le Hamas ne représente plus une menace stratégique pour Israël». Selon eux, leur pays «dispose de tout ce qu’il faut pour gérer ses capacités résiduelles de terreur, à distance ou autrement». Et tandis que la traque des derniers hauts responsables du Hamas «peut être faite plus tard», les «otages ne peuvent pas attendre», insistent les anciens généraux et maître espions.

«Votre crédibilité auprès de la grande majorité des Israéliens renforce votre capacité à guider le Premier ministre Nétanyahou et son gouvernement dans la bonne direction», ajoutent encore les signataires. Autrement dit, de leur point de vue, «mettre fin à la guerre, ramener les otages, arrêter les souffrances et former une coalition régionale-internationale qui aide l’Autorité palestinienne (une fois réformée) à offrir aux Gazaouis et à tous les Palestiniens une alternative au Hamas et à son idéologie perverse.»

«Nous nous cachons derrière un mensonge»

«Nous sommes au bord de la défaite», ajoute l’ancien directeur du Mossad, Tamir Pardo, dans la vidéo liée au courrier. «Ce dont le monde est témoin aujourd’hui est ce que nous avons fait». Référence aux conditions humanitaires désastreuses dans le territoire palestinien assiégé, qu’il déplore. «Nous nous cachons derrière un mensonge que nous avons engendré. Ce mensonge a été vendu au public israélien, et le monde a compris depuis longtemps qu’il ne reflète pas la réalité.»

De son côté, Yoram Cohen, un ancien du Shin Bet, juge sévèrement le gouvernement israélien et sa «direction irrationnelle» entraînée par «les zélotes messianiques». «Ils sont une minorité […] mais le problème est que la minorité contrôle la politique»