Deux par deux, Adel Botan grimpe les marches d’un imposant bâtiment aux murs rêches, dans le centre de Sirnak. Arrivé sur le toit de l’immeuble, cet ancien pompier de 62 ans plante le décor. «Regardez ! L’armée turque a installé des bases militaires partout autour de la ville, au sommet des montagnes qui nous entourent. L’accès à ces zones est interdit, le sol truffé de mines. Nous sommes littéralement encerclés, sous surveillance constante», avance l’homme, d’un ton fataliste. Un panorama auquel les locaux ont été contraints de s’adapter, bien malgré eux. Car, depuis le début de l’insurrection menée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, classé organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne) dans les années 1980, Sirnak a tout d’une ligne de front : nichée aux confins de la très sensible triple frontière turco-syro-irakienne, cette ville de 60 000 habitants, irréductible bastion du mouvement kurde, a été marquée au fer rouge par des décennies d’affrontements et de destructions.
Ahmad, un quarantenaire qui revendique volontiers sa s