Pour commencer, un chant. Prayer of the mothers. L’hymne mobilisateur de Yael Deckelbaum, entonné par les femmes juives et arabes unies lors de leur marche pour la paix en 2016, est joué dans la salle Olympe de Gouges, dans le XIe arrondissement de Paris. Ce jeudi 26 octobre, associatifs, représentants politiques de gauche (LFI, PS, EE-LV, PCF…), syndicalistes (CGT, CFDT, FIDL, FSU…) sont réunis pour un meeting organisé par la Ligue des droits de l’Homme (LDH) visant à créer la «mobilisation la plus large pour la paix, la protection des populations civiles et un cessez-le-feu immédiat», alors que les bombes pleuvent sur la bande de Gaza après l’attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre. «Ce que nous venons de voir fait beaucoup de bien», lance depuis la scène le président de la LDH Patrick Baudoin, une fois la musique terminée.
Debout derrière le pupitre, Baudouin dit avoir été «rarement aussi ému». «La période actuelle est source de multiples déchirures pour les Israéliens, pour les Palestiniens mais aussi pour nous ici en France», poursuit-il devant un parterre d’élus de gauche qui, ce soir, n’auront pas accès à la tribune. Seuls les représentants de syndicats comme Sophie Binet (CGT) ou d’associations comme Dominique Sopo pour SOS Racisme auront droit de monter sur la scène. Au total, 11 interventions se succéderont pour développer quatre grandes revendications : la libération immédiate des otages, la mise en place en urgence de façon durable d’un corridor humanitaire permettant d’acheminer les produits de premières nécessites et les médicaments, la protection de toutes les personnes civiles à Gaza quelle que soit leur nationalité et un cessez-le-feu immédiat avec la fin des bombardements et du déplacement des populations. «Nous sommes tous des Juifs et nous sommes tous des Arabes et Palestiniens», scande Patrick Baudoin.
«L’humanitaire ne suffira pas»
Leïla Shahid monte sur scène. De 1993 à 2005, la sexagénaire était la déléguée générale l’Autorité palestinienne en France. «Depuis 20 jours, je ne dors plus, je ne mange plus, nous comptons nos morts», commence-t-elle. Au micro, Shahid dénonce «la capacité des médias d’avoir deux critères d’indignations selon qui est l’agresseur ou l’agressé comme s’il y avait des êtres humains et des animaux humains». Mais, «le plus effrayant», selon elle, reste la «conduite honteuse des diplomates, des présidents, et des chefs de gouvernement». «Macron a fait le tour du monde arabe mais il n’a pas parlé une fois de cessez-le-feu, grince-t-elle. Pourquoi ? Parce que le maître américain a interdit de dire le mot». Pour sortir de la crise, la Palestinienne demande «une réponse politique». «L’humanitaire ne suffira pas. La Palestine ce n’est pas un tsunami, il ne suffit pas d’envoyer des bananes et de l’eau», affirme-t-elle.
Pour Pascal Lederer, le représentant de l’organisation Une Autre Voix Juive, la première des urgences est un «vrai cessez-le-feu». «Nous ne pourrons pas nous satisfaire d’un cessez-le-feu comme on en a connu déjà dix fois. Nous devons, devant la violence des tueries, enclencher autre chose. Prendre des initiatives nouvelles pour que nous n’ayons plus jamais à subir ce qui se passe en ce moment», développe-t-il. Avant de lancer un appel à la France à reconnaître la Palestine. Un acte, qui selon lui, «portera un coup aux fascistes de Gaza et aux fascistes d’Israël».