Menu
Libération
Point du jour

Quatre secouristes tués par une frappe israélienne, accusations de torture d’un journaliste palestinien contre Israël, rencontre Blinken-Abbas… Ce qu’il faut retenir de ce mercredi 10 janvier de la guerre au Proche-Orient

Le point sur la situation au Proche-Orient ce jour.
Des Palestiniens dans une maison ravagé par une frappe israélienne, à Rafah, dans le sud de Gaza, mercredi 10 janvier 2024. (Fatima Shbair/AP)
publié le 10 janvier 2024 à 16h38
(mis à jour le 10 janvier 2024 à 21h06)

Plus de trois mois après l’attaque sanglante du Hamas sur Israël, rien ne semble pouvoir mettre un terme aux hostilités entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, en dépit des efforts diplomatiques. En visite en Cisjordanie, le chef de la diplomatie américaine a défendu ce mercredi auprès du président Mahmoud Abbas des «mesures tangibles» pour la création d’un Etat palestinien, après avoir exhorté Israël à épargner les civils la veille en déplacement à Tel Aviv. Dans le même temps, un journaliste palestinien a alerté sur les tortures subies dans les geôles de l’Etat hébreu, alors que près de 80 reporters ont déjà été tués dans cette guerre. En mer Rouge, les Houthis ont lancé des attaques massives sur des navires américains et britanniques.

Pour retrouver le résumé du 9 janvier, c’est ici.

Une frappe israélienne vise une ambulance, quatre secouristes tués. Six personnes dont quatre secouristes ont été tuées dans une frappe israélienne ayant visé ce mercredi une ambulance, à l’entrée de Deir el-Balah dans le centre de la bande de Gaza, a annoncé le Croissant-Rouge palestinien. «Quatre membres d’une équipe de secours d’une ambulance du Croissant-rouge palestinien sont morts en martyrs à la suite du ciblage par l’occupation (Israël) de leur véhicule dans la rue Salaheddine à l’entrée de Deir-el-Balah», a annoncé l’organisation dans un communiqué publié sur X.

Les forces britanniques et américaines ont déjoué «la plus importante attaque» des Houthis en mer Rouge. Les marines du Royaume-Uni et des Etats-Unis ont abattu dans la nuit de mardi à mercredi 18 drones et 3 missiles tirés par les rebelles yéménites en mer Rouge. Le navire britannique HMS Diamond avec des navires de guerre américains «ont repoussé avec succès la plus importante attaque menée à ce jour dans la mer Rouge par les Houthis soutenus par l’Iran», selon le secrétaire d’État britannique à la Défense Grant Shapps. «Le Diamond a déjoué plusieurs attaques de drones dans sa direction et celle de navires marchands dans la zone», a ajouté le ministre en précisant qu’il n’y avait pas eu de blessé dans l’équipage ou de dommages. Le même Grant Shapps a ensuite envoyé un avertissement : «Trop c’est trop. Nous devons être clairs avec les Houthis sur le fait que cela doit cesser et c’est le message simple que je leur adresse aujourd’hui : préparez-vous».

Antony Blinken rencontre Mahmoud Abbas qui s’engage à une réforme de l’Autorité palestinienne. Dans le cadre de sa tournée régionale au Proche-Orient, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken a profité de sa rencontre ce mercredi avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, pour «réaffirmer que les Etats-Unis soutenaient des mesures tangibles pour la création d’un Etat palestinien», lors d’une rencontre avec le président Mahmoud Abbas à Ramallah, en Cisjordanie occupé. Le secrétaire d’Etat américain a également insisté sur le fait que «tous les impôts palestiniens collectés par Israël (devaient) être systématiquement transférés à l’Autorité palestinienne, conformément aux accords passés», alors que l’Etat hébreu bloque ces fonds, ce qui entraîne des difficultés financières pour l’Autorité palestinienne. La veille, Blinken était à Tel Aviv, où il a pressé Benjamin Nétanyahou «d’éviter les atteintes aux civils», et a obtenu quelques concessions.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a également déclaré mercredi que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’était «engagé» à une réforme de l’entité gouvernementale siégeant en Cisjordanie occupée, après une rencontre entre les deux hommes dans le territoire palestinien. «Je ne veux pas parler au nom du président Abbas mais je pense que ce que je retiens de cette réunion, c’est qu’il s’est engagé à le faire et qu’il est tout à fait prêt à aller de l’avant», a expliqué Blinken en réponse à une question de l’AFP sur l’engagement de Abbas à réformer l’Autorité palestinienne.

Le bilan des morts à Gaza s’alourdit encore. Le pilonnage dévastateur de l’armée israélienne s’est poursuivi ce mercredi sur le territoire palestinien, en particulier le centre et le sud. Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé ce mercredi que 147 personnes supplémentaires ont été tuées ces dernières 24 heures dans la bande de Gaza par les opérations militaires israéliennes. Au total, 23 357 personnes sont mortes dans dans l’enclave palestinienne depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste, le 7 octobre. Les personnes tuées sont en majorité des femmes, des adolescents et des enfants. Du côté des blessés, le Hamas en compte 59 410.

Un journaliste palestinien libéré par Israël affirme avoir été torturé. Le reporter de 37 ans Diaa Al-Kahlout a déclaré à son média The New arab qu’il avait été confronté à des conditions «indiciblement dures» depuis «le moment» où il avait été arrêté : il a affirmé avoir été battu et torturé. Le correspondant à Gaza faisait partie des dizaines de Palestiniens arrêtés début décembre par Israël dans le nord de la bande de Gaza. Sur les images diffusées par des chaînes de télévision israéliennes, on les voyait notamment en sous-vêtements, les yeux bandés, sous la garde de soldats israéliens. Depuis le début de la guerre meurtrière entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, 38 journalistes palestiniens ont été arrêtés et 31 sont toujours en détention, d’après l’ONG Reporters sans frontières (RSF). En outre, 79 journalistes sont morts, dont une majorité de Palestiniens.

La justice israélienne rejette les demandes d’accès pour les médias internationaux. La Cour suprême israélienne a rejeté mardi soir une demande des médias internationaux d’accéder librement à la bande de Gaza, invoquant «la situation sécuritaire extrême» dans le territoire palestinien et les risques que cela provoquerait pour les soldats de Tsahal, notamment de révéler leurs positions. Actuellement, selon la Cour suprême israélienne, des journalistes peuvent entrer dans la bande de Gaza pour des périodes limitées et à condition d’être accompagnés par l’armée israélienne. Or selon l’Association de la presse internationale, ces accès «ont été limités à des médias étrangers sélectionnés» et «étaient extrêmement contrôlés».

Liban : un civil tué dans le sud par une frappe imputée à Israël. Un civil a été tué mercredi par un tir d’artillerie dans un village frontalier du sud du Liban, ont annoncé le maire de la localité et un média officiel, imputant ce bombardement à Israël. Un garçon «a été tué par un tir d’artillerie israélienne alors qu’il se trouvait dans le jardin de sa maison», a déclaré Hassan Sheyyet, le maire de la municipalité du village de Kfarkila.

Le Hamas accusé de violences sexuelles : une responsable de l’ONU va se rendre en Israël. La représentante spéciale de l’ONU sur les violences sexuelles lors des conflits va se rendre en Israël fin janvier pour «recueillir des informations» sur les accusations de violences sexuelles du Hamas lors des attaques du 7 octobre, a annoncé un porte-parole. Pramila Patten «mènera une mission en Israël et en Cisjordanie à la fin du mois (...) pour recueillir des informations sur les accusations de violences sexuelles commises dans le cadre des attaques du 7 octobre et de ses suites», a déclaré mercredi Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, notant qu’il ne s’agissait pas d’une «enquête» en tant que telle.

Attaques en mer Rouge: l’ONU inquiète d’un risque d’escalade dans la région. L’ONU est très inquiète de la situation en mer Rouge et du risque d’«escalade» dans la région, a déclaré mercredi le porte-parole du secrétaire général, avant le vote attendu du Conseil de sécurité sur une résolution condamnant les attaques des Houthis. «Nous sommes toujours très inquiets concernant la situation en mer Rouge, non seulement à propos de la situation elle-même, des risques pour le commerce mondial, l’environnement et les gens, mais aussi des risques d’escalade d’un conflit plus large au Moyen-Orient», a indiqué Stéphane Dujarric.

Berlin s’engage à fournir une aide financière à l’armée libanaise. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a promis mercredi une aide de 15 millions d’euros à l’armée libanaise, dans un contexte d’inquiétude croissante concernant les tensions à la frontière avec Israël, sur fond de guerre dans la bande de Gaza. L’armée doit être en mesure d’exercer un «contrôle efficace» sur la région afin de «contenir les milices armées et les organisations terroristes», a déclaré la ministre en visite à Beyrouth, ajoutant qu’il s’agissait d’aider l’armée libanaise à mieux sécuriser la frontière méridionale avec Israël.