L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni prévoient en fin de semaine de tenir de nouvelles discussions avec l’Iran sur son programme nucléaire, les premières depuis les bombardements américains et israéliens en juin sur des sites nucléaires iraniens. «Les E3 [France, Royaume-Uni, Allemagne, ndlr] sont en contact avec l’Iran pour programmer de nouvelles discussions pour la semaine à venir», avait indiqué ce dimanche une source diplomatique allemande.
«En réponse à la demande des pays européens, l’Iran a accepté de tenir une nouvelle séance de pourparlers», a confirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Esmaïl Baghaï, cité lundi par la télévision d’Etat qui a précisé que cette réunion aura lieu vendredi à Istanbul.
Téhéran est soupçonné par les pays occidentaux et par Israël de vouloir se doter de la bombe atomique, ce qu’il dément en soulignant son droit à poursuivre un programme nucléaire à des fins civiles. Le 13 juin, Israël avait lancé une attaque surprise en bombardant l’Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.
Les Etats-Unis se sont joints à l’offensive de leur allié israélien en frappant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin. Depuis ces frappes ordonnées par le président américain Donald Trump, les discussions sont suspendues. La dernière réunion au format prévu la semaine prochaine, entre des représentants des E3 et de l’Iran, s’était tenue le 21 juin à Genève, quelques heures avant les bombardements américains.
Guerre en Iran
Reçu ce dimanche par Vladimir Poutine, Ali Larijani «a transmis des évaluations de la situation qui s’aggrave au Moyen-Orient et concernant le programme nucléaire iranien», a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Vladimir Poutine a exprimé les «positions bien connues de la Russie sur la manière de stabiliser la situation dans la région et sur le règlement politique du programme nucléaire iranien», a-t-il ajouté. Cette rencontre à Moscou n’avait pas été annoncée au préalable.
La Russie entretient de bonnes relations avec l’Iran, considéré comme son principal allié au Moyen-Orient, mais n’a pas soutenu avec force Téhéran lors de sa récente guerre avec Israël, ni après les frappes américaines sur des sites nucléaires. La semaine dernière, Moscou a fustigé un article du média américain Axios selon lequel Poutine aurait «encouragé» l’Iran à accepter un accord avec Washington qui empêcherait Téhéran d’enrichir de l’uranium.
Menace de «snap-back»
L’Iran, plusieurs puissances occidentales, ainsi que la Chine et la Russie avaient trouvé en 2015 un accord qui prévoyait l’instauration de restrictions importantes au programme nucléaire iranien, en échange de la levée de sanctions visant le pays. Mais les Etats-Unis étaient sortis en 2018 de cet accord longuement négocié, lors du premier mandat de Donald Trump qui avait réimposé des sanctions.
Analyse
Récemment, des pays européens ont également menacé de déclencher le mécanisme de «snap-back» inscrit dans l’accord de 2015 et qui prévoit d’imposer des sanctions si l’Iran manque à ses engagements. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a eu un entretien téléphonique la semaine dernière avec ses homologues britannique, français et allemand, ainsi qu’avec la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas.
Lors de cet appel, les diplomates européens ont fait part à Araghchi de «leur détermination à utiliser le mécanisme de snap-back en l’absence de progrès concrets» vers un nouvel accord sur le programme nucléaire iranien. L’Iran et les Etats-Unis avaient tenu plusieurs séries de négociations nucléaires par l’intermédiaire de médiateurs omanais avant qu’Israël ne lance sa guerre de 12 jours contre l’Iran, le 13 juin.
La source diplomatique allemande commente ce dimanche : «L’Iran ne doit jamais être autorisé à acquérir une arme nucléaire. C’est pourquoi l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni continuent de travailler intensivement au sein du format E3 pour trouver une solution diplomatique durable et vérifiable au programme nucléaire iranien.»
Mise à jour le 21 juillet à 9h20 avec la confirmation du porte-parole du ministère iraniens des Affaires étrangères de la tenue de discussions.