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Pourparlers

Nucléaire iranien : Téhéran et Washington presque d’accord… sur le programme de leurs futures négociations

Nucléaire iraniendossier
Iran et Etats-Unis sont convenus de se revoir la semaine prochaine après une première session de pourparlers «constructifs», par écrit dans des salles séparées, à l’exception d’une brève entrevue entre le chef de la diplomatie iranienne et l’émissaire américain.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, au côté de sa délégation, à Mascate, le 12 avril. (KhabarOnline/WANA. Reuters)
publié le 12 avril 2025 à 19h27

On ignorait tout de la forme que prendraient les pourparlers. Seuls le lieu et les acteurs étaient connus. A Oman, Iran et Etats-Unis ont échangé, notamment sur le programme nucléaire iranien, ce samedi 12 avril, et sont convenus de se revoir rapidement. Les deux pays seraient d’ailleurs «très proches» d’une entente sur le contenu des futures négociations, selon le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi. «Je pense que nous nous sommes beaucoup rapprochés d’une base de négociation, a déclaré à la télévision d’Etat le chef de la délégation iranienne. Si nous pouvons [la] finaliser lors de la prochaine réunion, nous aurons parcouru une grande partie du chemin.»

Mais, alors que les Américains avaient appelé à des discussions directes, les deux parties ont finalement mené des pourparlers «indirects» dans la capitale d’Oman, Mascate. Concrètement, cela signifie que les deux délégations étaient dans des salles séparées et ont échangé par écrit, selon le chef de la diplomatie iranienne, un intermédiaire passant les messages. Ce dispositif a duré deux heures et demie. Abbas Araghchi et le représentant américain, Steve Witkoff, ont ensuite eu un bref échange de visu de «quelques minutes», ajoute le communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères.

De quoi claironner ensuite que les discussions de samedi avaient été «constructives» sur le nucléaire iranien et d’annoncer que les deux parties sont d’accord pour se rencontrer à nouveau, après la menace du président Donald Trump de recourir à une opération militaire en l’absence d’accord. Les discussions devraient reprendre la semaine prochaine sans qu’on en connaisse le lieu pour l’instant.

«Survie du régime»

C’est Trump lui-même qui avait annoncé la rencontre de Mascate. Assis à ses côtés dans son bureau de la Maison Blanche, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait l’air médusé.

Adversaires de longue date, Iraniens et Américains ont tenté de parvenir à un nouvel accord sur le nucléaire après le retrait des Etats-Unis du précédent texte, décidé par Donald Trump lors de son premier mandat en 2018. Affaibli par les revers infligés par Israël à ses alliés, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, l’Iran cherche à obtenir la levée des sanctions qui étranglent son économie.

La république islamique est victime d’une crise économique majeure, avec une inflation de l’ordre de 60 %, et subit des contestations populaires massives, tel le mouvement Femme, vie, liberté qui a fait vaciller le régime en 2022, avant sa violente répression, qui a tué plus de 530 manifestants et en a emprisonné des milliers d’autres.

Les conflits à Gaza et au Liban ont attisé les tensions entre l’Iran et Israël, qui ont mené des attaques militaires réciproques pour la première fois après des années de guerre par procuration. Pour Karim Emile Bitar, enseignant à Sciences-Po Paris, «la seule et unique priorité est la survie du régime et, idéalement, l’obtention d’un peu d’oxygène, d’un allègement des sanctions, afin de relancer l’économie, car le régime est devenu assez impopulaire».

Les Etats-Unis cherchent à mettre fin au programme nucléaire de l’Iran, qu’ils accusent de visées militaires, ce que Téhéran dément. En visite vendredi en Russie, Steve Witkoff a déclaré au Wall Street Journal que «la militarisation de la capacité nucléaire» de l’Iran était une «ligne rouge» pour Washington.