Menu
Libération
Négociations

Nucléaire iranien : Trump affirme que Washington et Téhéran «se rapprochent» d’un accord

Tandis que les Etats-Unis adoptent une politique de pression maximale à l’égard de l’Iran, Donald Trump envisage des négociations pour «une paix à long terme». La République islamique se dit prête à condition de la levée immédiate des sanctions économiques américaines.
Un journal iranien mettant en une Donald Trump et son envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff, à Téhéran, le 11 mai 2025. (Majid Asgaripour/WANA.REUTERS)
publié le 15 mai 2025 à 9h28
(mis à jour le 15 mai 2025 à 11h15)

Des progrès diplomatiques et une tournée prometteuse en termes de gros contrats. Alors qu’il poursuit sa tournée diplomatique dans le Golfe, le locataire de la Maison Blanche a assuré depuis Doha mercredi 14 mai que Washington et Téhéran sont en passe de trouver un accord sur le nucléaire iranien et que la république islamique en avait «en quelque sorte» accepté les termes. «Nous menons des négociations très sérieuses avec l’Iran pour une paix à long terme», a déclaré Donald Trump.

Lancés le 12 avril, les pourparlers visent à conclure un nouveau cadre pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme atomique - ambition que Téhéran a toujours niée - en échange d’une levée des sanctions qui paralysent l’économie iranienne. Un nouveau round de discussion doit encore se tenir vendredi en Turquie avec les puissances européennes.

Malgré une volonté affichée des deux côtés de privilégier la voie diplomatique pour résoudre ce différend nucléaire qui dure depuis des décennies, les deux camps demeurent profondément divisés sur plusieurs lignes rouges - dont l’enrichissement de l’uranium (processus nécessaire pour créer un combustible nucléaire) - que les négociateurs devront contourner pour parvenir à un accord et éviter une future action militaire.

La levée des sanctions comme condition

Washington continue de maintenir une politique de pression maximale sur l’Iran. L’administration américaine a récemment sanctionné plusieurs entités liées à l’industrie pétrolière et au programme nucléaire iraniens. Mardi, pendant un sommet à Ryad, le président de la première puissance mondiale exhortait encore «fermement» toutes les nations à se joindre à lui «pour appliquer pleinement et totalement les sanctions», qui étranglent l’économie iranienne. «Donald Trump pense qu’il peut nous sanctionner et nous menacer, puis parler des droits de l’homme. Tous les crimes et l’instabilité régionale sont causés par eux (les Etats-Unis)», avait répondu Masoud Pezeshkian, président iranien, en réaction aux propos du républicain américain.

En réaction, Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, a affirmé mercredi 14 mai à la chaîne américaine NBC News que l’Iran était prêt à sceller un accord avec les Etats-Unis, uniquement si ces sanctions étaient immédiatement levées. A la question de savoir si l’Iran accepterait de signer un accord aujourd’hui si ces conditions étaient remplies, Ali Shamkhani a répondu «oui», a rapporté la chaîne américaine. «C’est encore possible. Si les Américains font ce qu’ils disent, il est sûr que nous pourrons avoir de meilleures relations», ce qui «améliorera la situation dans un avenir proche», a déclaré le responsable iranien, selon NBC News.

Fin des stocks d’uranium et inspecteurs internationaux

Selon le site américain, Ali Shamkhani a affirmé que l’Iran - qui insiste publiquement sur la poursuite de l’enrichissement de l’uranium - s’engagerait à ne jamais fabriquer d’armes nucléaires, à se débarrasser de ses stocks d’uranium hautement enrichi, à n’enrichir l’uranium qu’aux niveaux nécessaires à un usage civil et à autoriser des inspecteurs internationaux à superviser le processus en échange de la levée immédiate de toutes les sanctions économiques à l’encontre de la République islamique. L’Iran enrichit actuellement l’uranium à 60 %, bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l’accord nucléaire de 2015, alors qu’un taux de 90 % est nécessaire pour un usage militaire. Ses stocks de matière fissile inquiètent aussi les puissances occidentales. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, s’était alarmé début mai de ce que l’Iran soit «sur le point d’acquérir des armes nucléaires», et avait averti que les sanctions de l’ONU pourraient être réimposées - comme le prévoit l’accord de 2015.

Après l’annonce de Donald Trump d’un possible accord sur le nucléaire, les cours du pétrole ont plongé de plus de 3 % jeudi. Vers 9 h 15 heure française, le prix du baril de Brent (baril de référence en Europe) chutait de 3,15 % à 64,01 dollars et le baril de West Texas Intermediate (référence pour le marché du pétrole léger aux États-Unis) perdait 3,29 % à 61,07 dollars.

Mise à jour à 11h15 avec davantage de contexte