Les tensions s’exacerbent entre l’Iran et l’AIEA. Le président iranien Massoud Pezeshkian a donné son accord final ce mercredi 2 juillet à une loi qui suspend la coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, a annoncé la télévision d’Etat. Cette mesure, prise après la guerre de douze jours entre l’Iran et Israël en juin, entre donc en vigueur.
Une nouvelle étape dans les relations exécrables entre l’Iran et l’AIEA, qui s’étaient déjà nettement dégradées après une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Esmaeil Baqaei. Se plaignant des actions de l’AIEA, il avait déclaré : «La sûreté et la sécurité des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique ne peuvent pas être garanties tant que l’Organisation de l’énergie atomique iranienne continuera de constater des dégâts sur ses installations nucléaires à la suite des récentes attaques». Le vendredi 27 juin, le ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, avait assuré que «l’insistance de Rafael Grossi [le directeur de l’AIEA, ndlr] à visiter les sites bombardés n’a [vait] pas de sens et [pouvait] même cacher des intentions malveillantes».
L’UE cherche à ramener l’Iran à la table des négociations
«Nous avons vu la décision officielle, qui est évidemment inquiétante», a réagi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric. Le département d’Etat américain l’a qualifiée d’«inacceptable», regrettant que «l’Iran ait choisi de suspendre sa coopération avec l’AIEA à un moment où il a la possibilité de faire marche arrière et de choisir la voie de la paix et de la prospérité».
La décision de l’Iran a également provoqué la colère d’Israël, son ennemi depuis la Révolution islamique de 1979, dont le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a appelé le monde à «utiliser tous les moyens à sa disposition pour mettre fin aux ambitions nucléaires iraniennes». Il a appelé l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, les trois pays européens signataires avec la Chine et les Etats-Unis de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, à «rétablir toutes les sanctions contre l’Iran», «maintenant».
Les propos de Téhéran ont été considérés comme une «menace» par les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand, qui dans une déclaration commune avaient appelé l’Iran à «s’abstenir de toute velléité de rompre la coopération avec l’AIEA» et à «reprendre immédiatement une coopération pleine et entière, conformément à ses obligations juridiques». «La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni condamnent les menaces contre le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, et réaffirment leur soutien total à l’Agence», avaient-ils insisté.
L’UE s’est néanmoins dite prête à faciliter la reprise des négociations sur l’avenir du programme nucléaire iranien, à la suite d’un entretien téléphonique mardi entre la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas et son homologue iranien Abbas Araghchi.
Interview
Après les frappes israéliennes et américaines, «les négociations pour mettre fin au programme nucléaire iranien doivent reprendre dès que possible», ainsi que la «coopération» avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, avait écrit la vice-présidente de la Commission européenne sur X. «Toute menace de se retirer du traité de non-prolifération ne contribue pas à apaiser les tensions. C’est ce que j’ai dit à Abbas Araghchi aujourd’hui», a encore averti la haute représentante pour la politique étrangère de l’Union.
Le dialogue entre les Etats-Unis et l’Iran au point mort
Le ministre iranien des Affaires étrangères avait écarté lundi une reprise rapide des discussions avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire et répété que Téhéran devait s’assurer au préalable que Washington n’engagerait pas de nouvelles frappes sur l’Iran.
Les Etats-Unis et l’Iran étaient en pourparlers sur le programme nucléaire de Téhéran lorsque Israël a attaqué le 13 juin des sites nucléaires iraniens et des infrastructures militaires, avant que les Etats-Unis ne bombardent à leur tour trois sites nucléaires le 21 juin.
L’UE cherche depuis longtemps à jouer un rôle de médiateur avec l’Iran. Les 27 étaient signataires - et facilitateurs - d’un accord signé en 2015 entre l’Iran et la communauté internationale concernant le programme nucléaire de Téhéran, accord que le président américain Donald Trump avait dénoncé lors de son premier mandat, en 2018.
Mise à jour à 21 h 20 avec la réaction de l’ONU, de Washington et d’Israël.