A première vue, des collines et des champs parsemés d’oliviers, de figuiers. Puis au loin, apparaît une file de voitures patientant au checkpoint d’Awarta, un camp d’entraînement militaire et des colonies israéliennes. Depuis 1967, le village de Rujeib, niché à proximité de la ville de Naplouse, au nord de la Cisjordanie occupée, est le théâtre de tensions en raison des restrictions sur les déplacements et des constructions imposées par Israël. Les 7 500 habitants de cette localité sont au bord de l’asphyxie, exténués par les arrestations irrationnelles et les allées et venues des militaires israéliens qui menacent de démolir leurs maisons, jugées illégales selon les lois de l’Etat hébreu.
«Notre quotidien, c’est la violence. Nous sommes dépourvus de liberté, de dignité, de droits», soupire Leila Odih, 48 ans, le regard empreint de mélancolie. Depuis trois ans, cette veuve et mère de sept enfants subit un harcèlement permanent de la part des soldats israéliens. «Ils menacent de tout détruire. En signe de résistance, ma mère étend du linge chaque jour pour leur montrer qu’il y a encore de la vie dans cette maison», s’exclame son fils Ali, 7 ans, son chat dans les bras. «C’est mon grand-père qui nous a fait don de ce terrain en 2020», i