Au fil des libérations d’otages, le voile se lève sur leurs conditions de détention. Les proches des 41 personnes (dont 26 Israéliens) ayant été libérées vendredi 24 et samedi 25 novembre commencent à livrer des bribes d’informations sur leur vie quotidienne, même s’il est difficile pour le moment de savoir exactement où ils ont vécu – dans le nord ou le sud de la bande de Gaza, dans les tunnels du Hamas ou des maisons.
«Faibles et épuisées»
«Ils n’ont pas été torturés ou maltraités, mais certains jours, ils n’avaient rien à manger et il fallait parfois attendre entre une heure et demie et deux heures entre le moment où ils demandaient à aller aux toilettes et le moment où on le leur permettait», a témoigné auprès du site d’information israélien Ynet Merav Mor Raviv, dont la cousine, Keren Munder, son fils de 9 ans Ohad, et sa mère Ruth ont été relâchés par le Hamas vendredi dans le cadre de l’échange otages contre prisonniers. La famille Munder a plusieurs fois changé de lieu de captivité. Dans une interview télévisée, Merav Mor Raviv a également expliqué que leurs gardes étaient armés mais avaient le visage découvert et non cagoulé. «C’était effrayant, ils n’arrêtaient pas de leur faire ça», a-t-elle décrit, le pouce sur le cou pour mimer un égorgement. En retrouvant la liberté vendredi soir, Keren Munder a appris que son père, Abraham, était toujours détenu par le Hamas. Elle craignait qu’il n’ait été tué le 7 octobre, comme son frère, Roy, dont elle a appris la mort en écoutant la radio en captivité.
Israël a mis six hôpitaux en alerte pour accueillir et apporter aux otages libérés les premiers soins dont ils auraient besoin. L’une des personnes libérées dimanche soir serait en «état critique». Lors des deux jours précédents, seule Maya Regev, la première à avoir été relâchée parmi les otages enlevés au festival Tribe of Nova, nécessitait des soins médicaux : elle va devoir subir plusieurs opérations pour une jambe cassée. La santé des autres n’était pas en danger bien que certaines femmes soient «faibles et épuisées». Mais il y aura nécessairement des séquelles psychologiques. Coupés du monde, les otages ne semblent pas avoir eu d’information sur l’accord de trêve entre le Hamas et leur pays. Au moment de leur libération, rapporte BFM TV, certains croyaient qu’ils partaient pour être exécutés.
Geôliers «courtois»
Fin octobre, avant l’accord, quatre otages avaient été libérés par le Hamas pour «raisons humanitaires». Parmi eux, Yocheved Lifshitz, 85 ans, avait témoigné sur ses conditions de détention : tout en racontant «l’enfer» de son enlèvement le 7 octobre, elle décrivait ses geôliers comme «courtois» et ayant tout prévu – «même du shampooing». Ils «s’assuraient que nous étions propres, que nous mangions. Nous mangions la même chose qu’eux», rapportait-elle, à savoir du pain pita, du fromage et des concombres : «C’était le repas de la journée.»
Alors que sa famille la croyait morte, Hannah Katzir, 77 ans, a été libérée vendredi. En retrouvant ses proches, elle a appris que son mari, Rami, était mort et que son fils, Elad, était toujours dans la bande de Gaza, rapporte Ynet. Sa fille, Carmit Palty-Katzir, raconte : «Je sais d’après les récits de ma mère à quel point la vie était dure là-bas et je ne peux pas imaginer à quel point c’est difficile pour mon frère.»
Maj le 26/11/23 à 19 h 50 : ajout de l’«état critique» d’une otage libérée dimanche.