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Chronologie

Palestine : un long cheminement vers la reconnaissance

Alors qu’Emmanuel Macron vient d’annoncer que la France allait reconnaître l’Etat de Palestine en septembre - comme 148 pays de l’ONU avant lui - «Libération» retrace la chronologie des évènements.
Sur les ruines de la Mouqataa, le siège détruit de Yasser Arafat, le 12 novembre 2004 à Ramallah, en Cisjordanie, en attendant les funérailles du dirigeant palestinien. (Abbas Momani/AFP)
publié le 26 juillet 2025 à 8h30

Emmanuel Macron avait laissé entendre que la France reconnaîtrait la Palestine lors d’une Conférence qui devait se tenir à New York du 17 au 20 juin. Mais les frappes israéliennes sur l’Iran ont modifié le calendrier – et brouillé les ambitions du président français. Après de longues tergiversations, le chef de l’Etat a annoncé ce jeudi 24 juillet la reconnaissance de la Palestine en septembre. Libération remonte aux racines des évènements.

Le mandat britannique

1917 Déclaration de Balfour (du nom du ministre britannique des Affaires étrangères) : le Royaume-Uni promet «l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif».

1922 La Société des Nations (ancêtre de l’ONU) attribue le mandat sur la Palestine au Royaume-Uni.

1936-1939 Grande révolte arabe en Palestine mandataire : rébellion contre l’occupation britannique, pour la création d’un Etat palestinien indépendant et pour la fin de l’immigration juive. L’échec de l’opération militaire provoque le démantèlement des forces paramilitaires arabes ainsi que la structuration des milices sionistes en armée, et pèse sur le projet d’établissement d’une Palestine indépendante.

Création de l’Etat d’Israël

1947 Plan de partage de la Palestine adopté par l’ONU. Le texte appelle la division du territoire entre un «Etat juif» (56 % de la Palestine mandataire) et un «Etat arabe» (42 %). La ville de Jérusalem est quant à elle placée sous contrôle international.

1948 Expiration du mandat britannique sur la Palestine. Le président du Conseil national juif, David Ben Gourion, proclame l’indépendance d’Israël. L’Etat hébreu, à sa naissance, prend alors le contrôle de 77 % de l’ancienne Palestine mandataire – bien au-delà des lignes de partage fixées par l’ONU en 1947.

1949 Fondation par l’ONU de l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine). L’Assemblée générale des Nations unies admet l’Etat d’Israël à l’ONU.

Résistances palestiniennes et consolidation de l’entité nationale

1964 Création de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) sous l’égide de l’Egypte. L’organisation est imaginée dans le but de mettre sur pied des institutions représentatives du peuple palestinien.

1967 «Guerre des Six Jours» : Troisième guerre israélo-arabe, déclenchée par Israël, qui redessine la carte du Proche-Orient. L’Etat hébreu proclame Jérusalem capitale d’Israël, et envahit le Sinaï égyptien, le Golan syrien, la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est.

1974 La Ligue arabe et l’Assemblée générale de l’ONU reconnaissent la représentativité de l’OLP et les droits légitimes des Palestiniens. L’ONU accorde un statut d’observateur à l’OLP.

1987-1993 Première intifada dite «révolte des pierres» : le soulèvement permet la consolidation de l’entité nationale palestinienne. L’ampleur du mouvement entraîne la réapparition de la question palestinienne et sa mise à l’ordre du jour aux Nations unies. Le Hamas naît durant ce soulèvement.

1988 Déclaration d’indépendance de la Palestine à Alger par l’OLP, qui reconnaît implicitement l’existence d’Israël.

L’heure des négociations

1993 Signature des accords d’Oslo à Washington par Yitzhak Rabin (Premier ministre israélien) et Yasser Arafat (président de l’OLP) sous l’égide de Bill Clinton, président américain d’alors. Censés instaurer une dynamique de négociation et rompre la logique coloniale pour progresser vers la paix, ces accords ont été analysés plus tard comme asymétriques – entre un mouvement politique et un Etat – plutôt qu’une reconnaissance mutuelle.

1995 Signature des accords d’Oslo II qui délimitent trois zones en Cisjordanie. Jérusalem-Est reste sous contrôle israélien. Conçu au départ pour une période de transition de cinq ans, l’esprit d’Oslo devait aboutir à l’établissement d’un Etat palestinien souverain.

1996 Création et élection du Conseil législatif palestinien. Yasser Arafat est élu à la tête de l’Autorité palestinienne. Benyamin Nétanyahou remporte les élections législatives.

L’échec des accords d’Oslo

2002 Opération «Rempart» lors de la seconde intifada : l’armée israélienne se redéploie dans les territoires palestiniens autonomes de Cisjordanie. Le Conseil de sécurité de l’ONU réclame le retrait immédiat des troupes israéliennes des villes palestiniennes et la reprise des négociations, en réaffirmant son attachement à une solution à deux Etats.

2005 Mahmoud Abbas est élu président de l’Autorité nationale palestinienne (ANP). Sous la pression de la seconde intifada, l’armée israélienne se retire de la bande de Gaza, après trente-huit ans d’occupation (depuis 1967).

2006 Victoire du Hamas aux élections législatives dans les territoires occupés. Dans la foulée, l’Union européenne suspend son aide à l’ANP.

2007 Le Hamas prend par la force le contrôle de la bande de Gaza.

Vers une reconnaissance internationale ?

2011 Demande d’adhésion de l’Etat palestinien à l’ONU et vote d’adhésion de la Palestine à l’Unesco. Les Etats-Unis émettent leur veto au Conseil de sécurité de l’ONU, sur la condamnation de la colonisation par Israël.

2012 La Palestine devient officiellement un Etat observateur à l’ONU (138 voix pour, 9 contre, et 41 abstentions). Un statut qui lui confère le droit d’assister à la plupart des réunions et d’en consulter la documentation, mais ne lui permet pas de voter, de proposer des résolutions ou de postuler à des offices onusiens.

2015 Benyamin Nétanyahou remporte les élections, avec une candidature basée sur le programme «Non à un Etat palestinien».

2016 Le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution qui «exige de nouveau d’Israël qu’il arrête immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem–Est». Une résolution adoptée grâce à l’abstention des Etats-Unis.

2017 Conférence de 75 Etats à Paris qui s’accordent sur la nécessité d’une solution à deux Etats - sans résultats. Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël et ordonne d’y installer l’ambassade des Etats-Unis.

2020 Donald Trump et Benyamin Nétanyahou présentent le plan de «prospérité pour la paix». Le texte propose un effort international de 50 milliards de dollars pour permettre l’établissement définitif de l’Etat palestinien - mais selon les conditions israéliennes.

Et depuis le 7 Octobre ?

2023 Attaque terroriste du Hamas sur Israël et riposte sévère du Tsahal, qui relancent les discussions internationales.

2024 Espagne, Irlande et Norvège reconnaissent l’Etat palestinien. La France se dit «prête» à faire de même, mais ne saute pas le pas.

2025 La Conférence sur la solution à deux Etats qui devait se tenir fin juin à New York – et mener Emmanuel Macron à la reconnaissance de l’Etat – est reportée à la suite de l’attaque israélienne sur l’Iran.

24 juillet 2025 Emmanuel Macron annonce officiellement que la France va reconnaître l’Etat de Palestine en septembre.