Ce dimanche matin, à Nitzana, Rachel Touitou avait tout prévu : un haut-parleur, quelques anoraks, des bouteilles d’eau, des vivres, des tables en plastique et l’arrivée de deux bus – l’un de Jérusalem, l’autre de Netanya. Cette Israélienne de 32 ans est devenue une habituée de ces expéditions quasi quotidiennes vers le poste frontalier entre l’Egypte et Israël : un terre-plein fait de blocs de béton et de triples couches de barbelés à l’extrême sud de l’Etat hébreu. Autour d’elle, quelques jeunes ont installé des nattes sur le sol, d’autres déplient des chaises de camping ou dorment sur des matelas de fortune. Devant cette petite centaine d’Israéliens, une énorme porte grillagée : elle a été fermée quelques minutes plus tôt par deux soldates, sous les applaudissements enjoués des manifestants.
«C’est ici qu’arrivent les camions, normalement. Ils sont inspectés de ce côté, explique l’organisatrice en pointant un entrepôt grillagé du côté israélien, avant de retourner en Egypte. Mais vous voyez, ce n’est pas une manifestation violente comme on peut l’imaginer. Nous, on est là, au milieu du passage : on joue aux cartes, on échange, on chante. Et il y a des gens venus de tout le pays, de tous bords politiques, des très religieux comme des laïcs, poursuit-elle. Au fond, l’essentiel, pour notre groupe, c’est juste de bloquer.» Et ils y parviennent : par leur seule présence, aucun véhicule n’entre via ce terminal pour y être scanné et vérifié, ralentissant natu