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Proche-Orient

«Pause tactique», couloirs humanitaires et largage d’aide : sous pression, Israël desserre l’étau de Gaza

L’Etat hébreu fait ces annonces ce dimanche 27 juillet au matin, après des semaines de tensions internationales autour du sort des habitants de l’enclave palestinienne, sans nourriture ni médicaments depuis des semaines.
Des palettes d'aide humanitaire attendant d'être envoyées à Gaza, dans le kibboutz de Kerem Shalom, en Israël, le 24 juillet. (Ohad Zwigenberg/AP)
publié le 27 juillet 2025 à 8h37
(mis à jour le 27 juillet 2025 à 9h41)

Après avoir selon ses dires parachuté de l’aide humanitaire sur la bande de Gaza, l’armée israélienne a annoncé ce dimanche qu’elle observerait «une pause tactique» quotidienne à des fins humanitaires dans plusieurs zones de la bande de Gaza, et qu’elle allait mettre en place des couloirs humanitaires. Ces annonces interviennent après des semaines de pression internationale pour permettre l’arrivée de vivres et autres denrées vitales à la population affamée, dans le territoire palestinien ravagé par plus de vingt et un mois de guerre.

Le parachutage a été «mené en coordination avec des organisations internationales et dirigé par le Cogat», un organisme du ministère de la Défense, a indiqué l’armée dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche sur Telegram précisant qu’il était constitué de «sept lots d’aide contenant de la farine, du sucre et des conserves». Quant à la «pause», elle «sera observée de 10 heures à 20 heures [9 heures à 19 heures en France, ndlr] à partir d’aujourd’hui» et débutera dans les zones de Deir-al-Balah (centre), Al-Mawasi (Sud) et Gaza City (Nord), où il n’y a «pas d’opérations militaires», indique l’armée dans un communiqué.

Sur X, Al-Qahera News, média égyptien proche du pouvoir a annoncé dimanche que «des camions égyptiens chargés d’aide ont commencé à entrer dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah», frontalier avec l’Egypte.

Israël, qui assiège la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas le 7 octobre 2023, avait imposé début mars un blocus hermétique au territoire, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture et de biens de première nécessité. L’ONU et des ONG s’alarment d’une flambée de la malnutrition infantile et d’un risque de famine généralisée parmi ses plus de deux millions d’habitants.

Méthode décriée

Pressée notamment par Paris, Berlin et Londres de «lever immédiatement les restrictions sur l’acheminement de l’aide», Tsahal avait annoncé samedi que les premiers parachutages menés par des pays étrangers reprendraient le soir même. Cette méthode, déjà mise en œuvre en 2024 notamment par les Emirats arabes unis, la Jordanie et la France, avait été décriée par nombre de responsables humanitaires, qui l’avaient jugée dangereuse et de portée limitée, soulignant qu’elle ne pouvait se substituer à la voie terrestre.

Samedi, le Royaume-Uni a annoncé se préparer à larguer de l’aide et à évacuer des «enfants ayant besoin d’une assistance médicale», en collaboration avec «des partenaires tels que la Jordanie». Les Emirats ont déclaré qu’ils reprenaient «immédiatement» les parachutages.

Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a estimé pour sa part que la reprise des parachutages constituait une réponse «inefficace» à la catastrophe humanitaire en cours : «Les largages aériens ne mettront pas fin à la famine qui s’aggrave. Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés.»

«Nouvelle dynamique»

«Nous ne pouvons pas accepter que les populations, et des enfants en grand nombre, meurent de faim», a déclaré dans un communiqué le président français Emmanuel Macron, après un échange avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Selon lui, une conférence lundi et mardi au siège de l’ONU à New York «doit ouvrir une nouvelle dynamique en faveur d’un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, sur la base des deux Etats, seule solution à même de garantir la paix et la sécurité pour tous dans la région».

Samedi, la Défense civile a annoncé la mort de 40 personnes, notamment dans des frappes israéliennes à Gaza City, dans le Nord, dans le secteur de Khan Younès, dans le Sud, et dans le camp de Nousseirat, dans le centre de Gaza. Selon cette organisation de secouristes, 14 personnes ont été tuées par des tirs israéliens alors qu’elles attendaient de l’aide humanitaire en différents lieux du territoire, dont l’une tuée quand les soldats ont ouvert le feu sur un groupe de civils réunis au nord-ouest de Gaza City.

Mise à jour à 9 h 41 avec l’annonce de convois égyptiens.