Ils ont passé la dernière décennie à se hisser au sommet du monde arabe en se faisant la courte échelle. Mais depuis quelques mois, l’ambiance est plutôt aux croche-pieds entre le prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane (MBS), 37 ans, et son ancien mentor de vingt-cinq ans son aîné, le cheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane (MBZ), président des Emirats arabes unis (EAU) depuis 2022. Car les deux puissances du Golfe se disputent aujourd’hui le leadership, géopolitique et économique, de la région.
Leurs ambitions antagonistes ont été mises au jour lors de réunions de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), où les quotas de production de la ressource sont attribués par pays. Traditionnellement, au sein du groupe, «les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite sont relativement alignés sur la stratégie pétrolière», rappelle Herman Wang, spécialiste du pétrole du Golfe pour l’agence S&P Global. Mais depuis des mois, dans l’espoir de faire remonter le prix du baril, l’Arabie Saoudite pousse l’Opep + (les treize pays membres de l’organisation, auxquels s’ajoutent une dizaine d’autres pays producteurs, dont la Russie depuis 2016) à réduire l’offre mondiale d’or noir.
Au grand dam des Emirats, qui s’assoient ainsi sur des milliards de dollars de recettes potentiell