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Reportage

«Plus personne n’ose sortir» : en Syrie, les habitants de Manbij terrorisés par le retour des attentats à la voiture piégée

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Depuis le 8 décembre et la prise de la ville par l’Armée nationale syrienne, pro-turque, aux Forces démocratiques syriennes, sept attentats à la voiture piégée ont durement endeuillé la population, qui redoute de prochaines explosions.
Des jeunes marchent dans le camp de déplacés internes d'Al-Rasim Ardar, près de Manbij (Syrie), le 7 février 2025. (Philémon Barbier/Hors format pour Libération)
par Iris Lambert, envoyée spéciale à Manbij (Syrie)
publié le 14 février 2025 à 11h07

Une longue blessure noire et boursouflée, grossièrement recousue, s’étire sur le bras de Fawza Mohammad al-Jassim. Allongée sur un mince matelas dans l’obscurité froide d’une tente de fortune, elle peine à entrouvrir ses yeux encore gonflés de sang. «Je me suis levée un matin pour aller travailler aux champs. Nous étions sur la route, à l’arrière d’un camion, et soudain j’ai entendu une explosion. J’ai senti mon visage voler», articule-t-elle difficilement, le souffle court. Ce 3 février, une cinquantaine de femmes, toutes venues du camp de déplacés d’Al-Rasim Ardar, accompagnaient Fawza désherber les oliviers dans la campagne de Manbij, dans le nord de la Syrie, lorsque, près de l’entrée ouest de la ville, une voiture piégée a explosé au passage de leur véhicule. L’attentat a fait 20 morts et 18 blessés parmi les civils.

Quelques jours plus tard, il ne reste qu’une carcasse de ferraille décharnée gisant toujours sur le bas-côté de la route. Personne n’a pour l’instant songé à s’en débarrasser. C’est la septième fois que la ville est touchée par une attaque avec un véhicule chargé d’explosifs, dont l’une près d’un jardin d’enfants, depuis la prise de Manbij