Be’er Ya’akov est une petite cité faite de maisons basses, jamais plus d’un étage, parsemée de nombreuses synagogues. En son centre, un marché, quelques cafés. Et, juste à la périphérie, de hautes tours flambant neuves, comme si Tel-Aviv, à 15 kilomètres, poussait jusque-là ses orgueilleux buildings. L’endroit raconte une certaine histoire d’Israël. D’abord petite communauté peuplée à moitié d’Ashkénazes et de juifs du Caucase, elle est devenue après la guerre un immense camp de transit où sont passés de nombreux Séfarades. Chaque groupe a construit sa synagogue pour y prier à sa façon. Le dernier camp a fermé dans les années 80. Et d’un bourg de 6 000 habitants au début des années 2000, elle est devenue une ville de près de 30 000 habitants.
«Il fallait renforcer la droite»
La nuit est tombée. Un groupe de chauffeurs routiers sort de la menue synagogue éclairée de rayons pâles. A Be’er Ya’akov, les horaires des prières sont adaptés sur ceux du travail. Ilan, forte carrure, barbe grise et yeux verts, vit ici depuis douze ans. Il a toujours voté pour le Shas, un parti religieux et séfarade qui cultive une forte dimension sociale : «Le précédent gouvernement se détournait de la religion, voulait éliminer le shabbat du calendrier. Il fallait renforcer la droite.» Son collègue Ya’akov, les jambes arquées d’