Le chant de Fayrouz Nuit de fête sur l’air de Vive le vent résonne sous les guirlandes lumineuses de Bab Touma, le quartier chrétien dans la vieille ville de Damas. Comme tous les ans en ce mois de décembre, qui ne peut pourtant ressembler aux précédents alors que le pouvoir a été spectaculairement renversé il y a moins de trois semaines. «Des gens de la Hayat sont venus nous voir dès le 10 décembre, quarante-huit heures après la chute du régime, pour nous rassurer et nous encourager à installer les décorations et les célébrations de Noël comme d’habitude», indique Mgr Georges Bahi en désignant les hommes de HTS (Hayat Tahrir al-Sham), désormais au pouvoir après la chute et le départ de Bachar al-Assad. Archevêque arménien de Damas, le quinquagénaire au sourire malicieux sous sa barbe blanche nous reçoit au siège du patriarcat de l’Eglise arménienne à Bab Touma, en présence de civils, représentants des sept différentes églises syriennes. Il ne veut pas se laisser amadouer par les nouveaux maîtres islamistes du pays. «Ils cherchent à se servir de nous pour donner une bonne image aux médias internationaux, affirme le chef religieux. Nous n’allons donc pas installer les décorations habituelles et nous célébrerons nos rites à l’intérieur de nos églises.»
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Les réserves de l’archevêque ne sont pas tout à fait partagées par les gens du quartier, à en croire les illuminations et décorations des commerces et restaurants dans la vieille ville, a