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Présidentielle au Liban : après deux ans de vacance, le pays doit élire son président

Joseph Aoun, commandant de l’armée libanaise qui a eu un rôle clé dans le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah et est soutenu par plusieurs pays régionaux et internationaux, dont l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, semble avoir des chances de l’emporter.
Le Premier ministre intérimaire libanais Najib Mikati avec Joseph Aoun, favori à la présidentielle, et le patron de la Finul, Aroldo Lazaro Saenz, dans le village libanais de Khiam, le 23 décembre 2024. (Karamallah Daher/REUTERS)
publié le 9 janvier 2025 à 10h03

Cette fois sera-t-elle la bonne ? Voilà deux ans que, traversé par l’absence de consensus et une batterie de boycotts – notamment le Hezbollah et le Courant patriotique libre – le Liban est sans chef d’Etat. Mais ce jeudi 9 janvier pourrait mettre fin à cette attente, le Parlement libanais se réunissant dans la matinée pour élire un président de la République. Cette séance, qui débutera à 11 heures (10 heures en France), se tiendra dans un contexte apparemment plus favorable que par le passé, avec un Hezbollah sorti affaibli par les deux mois de guerre avec Israël et par la chute de son allié syrien Bachar al-Assad.

Le général Joseph Aoun, commandant de l’armée libanaise, fait figure de favori, bénéficiant notamment du soutien de plusieurs pays régionaux et internationaux, dont les Etats-Unis et l’Arabie saoudite. Des analystes estiment que le rôle clé de l’armée dans la mise en œuvre du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, entré en vigueur le 27 novembre, a été un facteur déterminant pour l’ascension du gradé vers la présidence.

Depuis la fin du mandat du président sortant Michel Aoun (sans lien de parenté avec son potentiel successeur), en octobre 2022, le Parlement a échoué à élire un président, les détracteurs du Hezbollah accusant le parti-milice d’avoir bloqué l’élection en voulant imposer son candidat, Sleiman Frangié. Ce proche de Bachar al-Assad a annoncé mercredi son retrait en faveur du commandant de l’armée. Les réunions et consultations entre les forces politiques se sont multipliées ces dernières heures dans le but de parvenir à un consensus concernant le général Aoun et ont également eu lieu sous une pression internationale accrue.

Depuis le début de la semaine, Amos Hochstein, Yazid ben Farhane et Jean-Yves Le Drian, respectivement émissaires américain, saoudien et français, ont eu des rencontres séparées avec des députés et des personnalités politiques libanaises. D’après certains élus ayant pris part aux rencontres, les deux premiers ont affirmé que Washington et Ryad soutenaient la candidature de Joseph Aoun. L’ancien ministre de l’Europe et des Affaires étrangères français doit, pour sa part, assister ce jeudi au vote, à l’invitation du président du Parlement, Nabih Berri.

«Nous aurons un président»

Le Premier ministre par intérim, Najib Mikati, s’est montré optimiste mercredi. «Pour la première fois, depuis la vacance présidentielle, je ressens de la joie car, si Dieu le veut, nous aurons […] un nouveau président de la République.» Par ailleurs, si Joseph Aoun devait être élu, la Constitution devrait être amendée car elle interdit l’élection de hauts fonctionnaires en poste ou ayant exercé cette fonction au cours des deux dernières années, ce qui est le cas du chef de l’armée. De plus, en vertu du système confessionnel de partage du pouvoir, la présidence du Liban est réservée à un chrétien maronite.

Le nouveau cabinet devra obtenir la confiance de la communauté internationale et mettre en œuvre des réformes urgentes, destinées à relancer l’économie et à reconstruire les zones dévastées dans le sud, après plus de cinq années de crise économique sans précédent et une guerre meurtrière ayant coûté plus de cinq milliards de dollars au Liban.