Par une nuit sombre au cœur des vastes plaines du centre de l’Iran, à côté des majestueuses ruines antiques de Persépolis, l’un des chanteurs les plus célèbres et les plus appréciés d’Iran donne un concert. Il choisit de conclure sa prestation par la chanson patriotique Ey Iran (Oh Iran) !. La foule pleure et chante à l’unisson. Des sourires s’échangent entre inconnus. Mais dès la fin du concert, les discussions s’entrechoquent : «Nous méritons mieux que la cruauté de ce régime et la misère» ; «Nous ne devrions pas boycotter les élections, qu’est-ce qui changera en ne votant pas ?» ; «Si voter changeait quelque chose, ils ne nous laisseraient pas voter. C’est une autre ruse pour nous faire peur et nous inciter à voter. Mais trop, c’est trop. Nous ne devons pas nous humilier davantage.» Les lumières qui éclairent les piliers de pierre de Persépolis s’éteignent une à une. Les gens montent dans leurs voitures et disparaissent dans l’obscurité des routes du désert.
Vendredi dernier, lors du premier tour de l’élection présidentielle faisant suite à la mort d’Ebrahim Raïssi en mars dans un