Figure emblématique de la lutte armée palestinienne, Zakaria Zoubeidi a été libéré ce jeudi 30 janvier à l’occasion de l’accord de trêve entre Israël et le Hamas, après avoir été incarcéré pendant des années, notamment pour «meurtre». Le crâne rasé, souriant et faisant le V de la victoire, il a été porté en triomphe par la foule à sa descente du bus de la Croix-Rouge l’ayant accompagné de la prison militaire israélienne d’Ofer jusqu’à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Cet homme de 49 ans est un visage connu depuis la Seconde Intifada, le soulèvement palestinien de 2000 à 2005.
Originaire du camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, il s’est illustré comme l’un des principaux dirigeants des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, groupe armé issu du Fatah créé en 2000. Zakaria Zoubeidi avait notamment accueilli Mahmoud Abbas, chef du Fatah et actuel président, lors d’une visite du camp en 2004, le prenant dans ses bras quand ce dernier était en campagne pour la direction de l’Autorité palestinienne.
L’accolade avait marqué les esprits, en Israël comme dans les Territoires palestiniens. Zakaria Zoubeidi était alors recherché par les autorités israéliennes. Né en 1965, Zoubeidi a grandi dans les rues du camp de Jénine, l’un des 19 créés en Cisjordanie pour accueillir les Palestiniens contraints à l’exode lors de la guerre ayant accompagné la création de l’Etat d’Israël en 1948.
Le camp de Jénine dévasté
Enfant, il fréquente la «Maison d’Arna», communauté et théâtre fondé par la militante israélienne Arna Mer-Khamis pour accueillir les jeunes du camp, et situé dans l’immeuble où vit la famille Zoubeidi. Il affirme avoir été blessé à la jambe par l’armée israélienne à l’âge de 13 ans, lors d’une opération militaire dans le camp, et avoir été arrêté pour la première fois pour avoir, selon lui, jeté des pierres sur des soldats.
Sorti de prison, il rejoint brièvement les rangs de la police de l’Autorité palestinienne, créée à la faveur du processus de paix dit d’Oslo, lancé à partir de 1993 et aujourd’hui moribond. Il exerce plusieurs métiers, notamment dans la construction. Il aurait rejoint la lutte armée palestinienne au début des années 2000.
En 2001, il dit avoir été blessé au cours d’une «opération militaire». En 2002, après un attentat-suicide particulièrement meurtrier à Netanya (centre d’Israël) revendiqué par les islamistes du Hamas, l’armée israélienne lance une vaste opération en Cisjordanie occupée. Le camp de Jénine en sort dévasté à l’issue d’une bataille particulièrement violente. La mère de Zakaria et un de ses frères sont tués.
«Rat noir»
Il prétend que l’armée israélienne le surnomme «le rat noir», tant il disparaît à chaque fois que des soldats viennent l’arrêter, et revendique avoir survécu à plusieurs tentatives d’assassinats. Lorsqu’en 2007, un accord avec les autorités israéliennes pour déposer les armes en échange d’une amnistie est présenté à de nombreux combattants armés, Zoubeidi accepte. Il s’implique dans le théâtre du camp Jénine, désormais appelé «Théâtre de la Liberté», et critique ouvertement l’Autorité palestinienne.
L’amnistie est révoquée par Israël en 2011, bien que le chef de guerre dise avoir respecté l’accord. En 2019, il est arrêté à Ramallah. Les autorités israéliennes l’accusent d’avoir commis plusieurs attaques entre novembre 2018 et janvier 2019 contre des bus israéliens. Deux ans plus tard, il fait partie d’un groupe de six prisonniers réussissant à s’évader de la prison de Gilboa, dans le nord d’Israël. La cavale ne dure que quelques jours.
Traque
Selon l’autorité pénitentiaire, il a notamment été condamné pour «homicide volontaire», «pose d’un engin explosif», «attaque à main armée» et «tentative de meurtre». Ses proches affirment qu’il souhaite désormais se rendre sur la tombe de son fils aîné, tué lors d’un raid aérien israélien sur un véhicule à Jénine en septembre 2024, avec quatre autres jeunes hommes.