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Visite

Proche-Orient : Emmanuel Macron au Liban pour soutenir ses nouveaux dirigeants

Avec un nouveau président à sa tête depuis la semaine dernière, le Liban accueillera en visite express le chef de l’état français ce vendredi 17 janvier. L’occasion de discuter, entre autres, du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.
Emmanuel Macron avec le Premier ministre sortant Najib Mikati le 17 janvier 2025 à Beyrouth. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 17 janvier 2025 à 8h43
(mis à jour le 17 janvier 2025 à 10h45)

Il fallait marquer le coup. A peine une semaine après l’élection de Joseph Aoun à la tête du Liban – après plus de deux ans de vacance à ce poste – le président français Emmanuel Macron est arrivé ce vendredi 17 janvier au matin à Beyrouth pour apporter son soutien aux nouveaux dirigeants. Sa visite express de douze heures, au rythme d’un emploi du temps millimétré, coïncide avec celle du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, arrivé jeudi soir à Beyrouth. Selon une source diplomatique française, les deux hommes devraient se voir sur place.

«Consolider la souveraineté du Liban»

La France est impliquée dans la surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre à la guerre entre Israël et le Hezbollah. Ce déplacement du président français vise à «aider» son homologue et le Premier ministre désigné Nawaf Salam «à consolider la souveraineté du Liban, à assurer sa prospérité et à maintenir son unité», a déclaré l’Elysée. «Il y a maintenant un président légitime, fort, et qui bénéficie de la confiance de toute la région», s’est ainsi félicité Emmanuel Macron dans une interview accordée au quotidien libanais indépendant l’Orient-Le Jour. Son entourage se réjouit du tournant dans ce pays qui a, pour Paris, ancienne puissance mandataire, «une valeur symbolique et une valeur stratégique particulière dans le Moyen-Orient d’aujourd’hui».

La diplomatie française voit en cette élection une «victoire», car Nawaf Salam, un juge international respecté, était son candidat mais butait, jusqu’ici, sur les réserves du Hezbollah. Le mouvement armé pro-iranien, incontournable au Liban, a d’ailleurs critiqué sa nomination et refusé de prendre part aux consultations, non contraignantes, menées par Nawaf Salam pour la formation de son cabinet. «La France a toujours demandé au Hezbollah de déposer les armes, d’adhérer à un projet strictement libanais et de devenir un acteur politique responsable», a évacué Emmanuel Macron dans l’interview.

L’Elysée a annoncé jeudi qu’Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane avaient apporté «tout leur soutien» à la formation d’un «gouvernement fort» lors d’un entretien téléphonique. Un tel gouvernement devrait être «capable de rassembler la diversité du peuple libanais, d’assurer le respect du cessez-le-feu entre Israël et le Liban et de mener les réformes nécessaires à la prospérité, à la stabilité et à la souveraineté du pays», a ajouté la présidence française.

Macron plaide pour «compléter» le retrait des troupes israélienes

Emmanuel Macron, qui s’est entretenu avec le Saoudien Mohammed ben Salmane, a souligné dans l’interview que Paris et Ryad avaient «travaillé ensemble» sur le Liban, ajoutant que «l’élection de Joseph Aoun et la désignation de Nawaf Salam sont aussi le fruit de ce travail de diplomatie régionale». Ziad Majed, professeur à l’université américaine de Paris, nuance cette collaboration et assure que plusieurs facteurs ont contribué au déblocage : «La guerre dévastatrice» entre Israël et le Hezbollah, «l’affaiblissement» de celui-ci par l’armée israélienne, «la crise économique qui dure». Mais aussi la chute de Bachar al-Assad en Syrie, allié de l’Iran, et «une crainte de l’arrivée de Donald Trump» à la Maison Blanche, avec son «soutien à Israël».

Au programme de sa tournée express, Emmanuel Macron doit échanger dans la matinée avec le chef d’état-major de la force de paix de l’ONU (Finul), le général Jean-Jacques Fatinet, ainsi qu’avec les chefs du mécanisme mis en place sous la houlette de la France et des Etats-Unis pour vérifier l’application du cessez-le-feu arraché par les deux puissances entre l’armée israélienne et le Hezbollah. Le président français va plaider pour «compléter dans le temps imparti par l’accord de cessez-le-feu», c’est-à-dire d’ici au 26 janvier, le retrait de l’armée israélienne du sud du Liban et le déploiement de l’armée libanaise. Il pourrait aussi revenir sur l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages annoncé mercredi soir entre Israël et le Hamas à Gaza. Par ailleurs, l’Elysée promet des «gestes symboliques» pour mobiliser la communauté internationale au chevet du Liban, après une conférence d’aide organisée à Paris en octobre.