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Tensions

Proche-Orient : pour Sébastien Lecornu, l’Iran représente un «défi» pour l’Europe

Dans un entretien publié ce dimanche 21 avril au journal «Le Parisien - Aujourd’hui en France», le ministre des Armées a exposé la stratégie militaire française au Proche-Orient, soulignant que la France n’est pas en guerre contre l’Iran.
Le ministre français des Forces armées, Sébastien Lecornu, quitte le Palais présidentiel de l'Elysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 17 avril 2024. (Bertrand Guay/AFP)
publié le 21 avril 2024 à 12h20

Une semaine après l’attaque menée par l’Iran contre Israël le 13 avril, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, est revenu sur la situation particulièrement tendue au Proche Orient. «L’Iran présente un défi de sécurité, non seulement pour Israël et les pays de la région, mais aussi pour l’Europe», a assuré le ministre dans une interview accordée samedi 20 avril au journal Le Parisien - Aujourd’hui en France.

Pourquoi l’Iran représente-t-il un défi pour la France ? «Parce que nous avons des intérêts maritimes — nos frégates protègent des navires commerciaux potentiellement ciblés —, qu’il y a toujours des ressortissants français otages d’État en Iran, que ce pays développe un programme nucléaire qui fait peser un risque de prolifération, et qu’il aide la Russie dans sa guerre en Ukraine, notamment via ses drones Shahed», a détaillé le ministre. A l’heure actuelle, quatre ressortissants français dont Jacques Paris, Cécile Kohler et Louis Arnaud, sont détenus en Iran depuis 2022. Ils sont considérés par le gouvernement français comme «otages d’Etat» en raison d’arrestations et de condamnations jugées «arbitraires». Un autre Français, prénommé Olivier, est également détenu.

Pour Sébastien Lecornu, l’Iran a franchi une étape samedi dernier, en attaquant Israël directement sur son sol. Si le ministre a rappelé que la France n’était pas «en guerre contre l’Iran», il a assuré qu’il était néanmoins «clair que nos forces armées participent à la maîtrise d’une escalade». Le 13 avril, la France a d’ailleurs participé activement à la défense de l’Etat hébreu lors de l’attaque de Téhéran en interceptant une partie des 350 drones lancés contre le pays. «Quand nous sommes présents sur la frontière entre le Liban et Israël, cette force sous mandat ONU évite un tête-à-tête encore plus brutal entre le Hezbollah, d’un côté, et Israël, de l’autre. Même chose quand nous sommes en mer Rouge, pour maintenir ouvertes les routes maritimes et dans un cadre de légitime défense», a expliqué le ministre des Armées.

Une aide militaire américaine de plusieurs milliards de dollars destinée à Israël

Toutefois, l’Iran et Israël ont semblé samedi 20 avril s’éloigner d’une escalade après une semaine de tensions au plus haut au Moyen-Orient depuis le début de la guerre à Gaza. Dans une interview accordée à la chaîne américaine NBC, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a relativisé l’attaque qui s’est déroulée vendredi à l’aube dans le centre du pays. «Ce qu’il s’est passé la nuit dernière n’était pas une attaque. Il s’agissait de deux ou trois drones quadrirotor, comme ceux avec lesquels les enfants jouent en Iran», a-t-il ironisé. Avant d’exclure des représailles, à ce stade : «tant qu’il n’y aura pas de nouvelle aventure [offensive militaire, ndlr] au nom du régime israélien contre les intérêts de l’Iran, nous ne répliquerons pas.»

Selon le Washington Post, citant un responsable israélien anonyme, l’attaque de vendredi visait à montrer à l’Iran qu’Israël avait la capacité de frapper à l’intérieur de son territoire, en réponse aux drones et missiles iraniens lancés contre l’Etat hébreu le 13 avril.

Engagé dans un bras de fer avec l’Iran, son ennemi juré, et en pleine offensive contre le Hamas, allié de Téhéran, dans le territoire palestinien, Israël a reçu samedi un nouveau soutien des Etats-Unis, où la Chambre des représentants a approuvé une aide militaire de plusieurs milliards de dollars. La présidence palestinienne a parlé «d’agression», le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a salué une «défense de la civilisation occidentale». Le président américain Joe Biden a lui salué une «aide cruciale», au «rendez-vous de l’Histoire». Mais pour la Russie, cette aide attribuée à Israël, comme à l’Ukraine et à Taïwan, «va exacerber les crises mondiales».