Difficile de le rater. Sur les pelouses de Moda qui longent le Bosphore, comme dans les cafés du quartier cossu de Nisantasi, il est omniprésent. Petit, droit et légèrement retroussé : à Istanbul, on voit partout ce même nez. Au point que de nombreux visages féminins, et parfois masculins, rappellent ceux de clones, tels des androïdes de science-fiction.
Bien qu’elles prennent en compte les patients étrangers opérés dans le cadre du tourisme médical, les données de l’International Society of Aesthetic and Plastic Surgery (ISAPS) sont révélatrices à cet égard : en 2023, 83 146 rhinoplasties ont été effectuées en Turquie. Une performance que seul le Brésil surpasse avec 87 215 opérations réalisées la même année. Contrairement à d’autres pays, la rhinoplastie est l’opération de chirurgie esthétique la plus pratiquée en Turquie, devant la liposuccion et la chirurgie des paupières.
A lire aussi
«La demande pour les rhinoplasties augmente de manière continue depuis dix ans, et depuis la pandémie de Covid-19, ça explose», corrobore le docteur Enes Yigit, un chirurgien spécialisé en la matière, depuis sa clinique affichant son nom en lettres dorées. Il opère entre 15 et 20 patients par mois, essentiellement des femmes, et 80 % de ses patients sont turcs. Des interventions facturées l’équivalent de près de 2 000 euros chacune. «C’est tout à fait normal de se faire refaire le nez ici. Tout le monde le fait», balaye le chirurgien, pour qui cela semble relever de l’évidence. Mais comment