Vendredi, peu après la dévastation de la ferme de ses parents dans un bombardement israélien, Fares Akram, correspondant d’Associated Press (AP) à Gaza, écrivait ces mots dans un billet de blog sur le site de la vénérable agence américaine : «Le bureau d’AP est le seul endroit où je me sens en quelque sorte en sécurité à Gaza. L’armée israélienne a les coordonnées GPS de l’immeuble, donc il y a moins de chance qu’une bombe ne vienne s’y écraser.» Le raisonnement inverse était tout aussi vrai.
Vingt-quatre heures plus tard, Fares Akram regardait avec onze autres collègues son dernier refuge réduit à une immense colonne de fumée noire par un missile israélien. Une heure plus tôt, un homme de Tsahal avait appelé le propriétaire du bâtiment de douze étages, d’où plusieurs autres médias, dont la chaîne qatarie Al-Jezira, travaillaient et diffusaient. Un ultimatum avant la bombe : les journalistes avaient une heure pour embarquer quelques affaires. Les pontes d’AP ont immédiatement protesté auprès du cabinet de Benyamin Nétanyahou. En vain. Pendant ce temps, le concierge tentait d’obtenir dix minutes de plus pour récupérer quelques caméras supplémentaires. Négatif, a répondu l’armée.