Menu
Libération
Profils

Qui sont les principaux acteurs du «plan Trump» pour Gaza en Egypte ?

Une armée de négociateurs s’active depuis ce dimanche 5 octobre au Caire pour poser les bases d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Parmi eux, des figures de premier plan.

Jared Kushner, gendre de Donald Trump, et Steve Witkoff, émissaire personnel du président américain, à Washington, le 29 septembre 2025. (Jonathan Ernst/Reuters)
ParLaurence Defranoux
Journaliste - International
Publié le 05/10/2025 à 16h19

Il ne reste que deux jours avant la date du deuxième anniversaire du massacre commis par le Hamas en Israël, le 7 octobre 2023, qui a déclenché un terrible déluge de représailles sur la population de Gaza. Le président américain, Donald Trump, a prévenu, samedi, qu’il ne «tolérerait aucun retard» dans l’application de ce que tout le monde appelle désormais le «plan Trump». Alors, les négociateurs israéliens et palestiniens ainsi que ceux des trois pays médiateurs, les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte, tous des poids lourds, s’affairent au Caire depuis ce dimanche 5 octobre pour finaliser un cessez-le-feu et négocier la libération des otages contre celle de prisonniers palestiniens. Galerie de portrait des principaux acteurs de ces pourparlers. Tous des hommes aux profils parfois non conventionnels.

Steve Witkoff, émissaire à tout faire du président Trump

Promoteur immobilier milliardaire de 67 ans, Steve Witkoff, vieil ami golfeur de Trump, est devenu en quelques mois une figure incontournable de la politique étrangère américaine. Emissaire personnel du Président, il est chargé de l’Ukraine, de Gaza et de l’Iran. Sensible, affable, direct et peu conventionnel, cet homme d’affaires, qui n’hésite pas à mélanger business et diplomatie, est au cœur de toutes les négociations brûlantes du deuxième mandat, sautant d’un pays à l’autre à bord de son jet privé. Dès janvier, il avait participé aux négociations durant les derniers jours de l’administration Biden qui avaient abouti à un premier cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Depuis, il n’a jamais dévié de la ligne dure de Tel-Aviv, à l’image de la Maison Blanche qu’il représente.

Jared Kushner, gendre surpuissant du Président américain

Il était le «M. Négociateur» du premier mandat de Trump. Jared Kushner, 44 ans, mari d’Ivanka Trump et donc père des petits-enfants de Donald Trump, est un des personnages les plus puissants de la Maison Blanche. Lui aussi magnat de l’immobilier, il n’a pas de portefeuille précis, ne dirige aucune agence gouvernementale, ce qui ne l’empêche pas d’être partout, y compris au Caire ce dimanche 5 octobre. Architecte des accords d’Abraham de 2020, c’est-à-dire la promesse par l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et le Maroc d’une normalisation avec Israël, il était un ardent promoteur du fantasme d’une «Riviera» gazaouie. Son père, Charles Kushner – condamné pour «fraude fiscale» et «subornation de témoin», gracié fin 2020 par Trump –, nommé ambassadeur des Etats-Unis en France, a accusé en août Emmanuel Macron «d’alimenter le feu antisémite» en appelant à reconnaître l’Etat de Palestine.

Khalil al-Hayya, un miraculé pour mener la délégation du Hamas

Il a fait sa première apparition publique ce dimanche, depuis sa tentative d’assassinat à Doha, au Qatar, le 9 septembre. Elu représentant de la ville de Gaza en 2006, Khalil al-Hayya, 64 ans, le chef des négociateurs du Hamas, a gagné en importance depuis les assassinats, l’année dernière, d’Ismail Haniyeh à Téhéran et de Yahya Sinwar à Gaza, ce qui a failli lui coûter la vie. Début septembre, le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, avait rencontré Steve Witkoff dans un palace parisien, et transmis à Khalil al-Hayya une nouvelle version du plan américain. Plutôt favorable à la proposition, le responsable palestinien avait organisé une réunion avec d’autres dirigeants du Hamas. Israël avait alors donné l’ordre à des chasseurs F-15 et F-16 d’envoyer des missiles balistiques depuis la mer Rouge sur la villa de la capitale qatarie où ils se trouvaient. La salve a tué un de ses fils et son directeur de cabinet, mais pas Khalil al-Hayya, annoncé au Caire ce dimanche.

Ron Dermer, un confident de Nétanyahou à la manœuvre

Signe de l’importance de ce nouveau round de négociations, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a envoyé au Caire Ron Dermer, 54 ans, ministre des Affaires stratégiques d’Israël pour quelques jours encore avant d’être appelé à d’autres fonctions encore mystérieuses. Né en Floride, diplômé de l’université britannique d’Oxford, il s’est installé en Israël en 1996, et a renoncé à sa nationalité américaine pour s’investir dans la politique israélienne. Ancien ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, proche conseiller de Nétanyahou, il a pris cette année la tête des négociations israéliennes en remplacement du chef du Mossad, David Barnea. Il amène avec lui, entre autres, des responsables de l’armée israélienne et des services de renseignement.

Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, l’arbitre qatari non confirmé

Le rôle stratégique du Qatar dans les négociations entre Israël et le Hamas ne faiblit pas, ni celui de la puissante famille Al-Thani. L’émirat, qui abrite depuis 2003 la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012, avec la bénédiction des Etats-Unis qui cherchaient à maintenir un canal de communication avec le groupe terroriste. En 2024, Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, avait fait, avec le ministre égyptien des Renseignements Abbas Kamel, l’intermédiaire entre Israël et le Hamas pour un premier accord de cessez-le-feu à Gaza, et cet été, il a multiplié les rencontres avec l’Egypte et les Etats-Unis. Après l’attaque israélienne du 9 septembre au cœur de sa capitale, qu’il a qualifiée de «terrorisme d’Etat», appelant à traduire Nétanyahou en justice, il avait appelé à «réévaluer» la médiation de l’émirat dans le conflit. Sa présence au Caire ce dimanche n’a pas été confirmée.