Ils sont israéliens en majorité, mais aussi thaïlandais, argentins, français ou américains. Leur visage, leur nom et leur âge s’affichent un peu partout dans le monde, collés sur les murs de Paris, Buenos Aires ou New York, brandis dans des manifestations à Londres ou Tel-Aviv. Selon les autorités israéliennes, environ 240 otages ont été emmenés dans la bande de Gaza après l’attaque sanglante menée le 7 octobre par le Hamas. Leur nombre précis, qui a fluctué ces dernières semaines au gré des renseignements recueillis et de l’identification de victimes qu’on pensait disparues, demeure à ce jour inconnu. Tout comme leur état de santé, après quarante-cinq jours de détention aux mains du Hamas ou du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien. Alors qu’un accord semble proche pour la libération d’une partie de ces otages, en échange de prisonniers palestiniens et d’une «trêve» dans la bande de Gaza, on fait le point sur la situation.
Combien d’otages ont été identifiés ?
Si aucune liste officielle n’a été publiée par les autorités israéliennes, plusieurs médias et organisations ont procédé à leur propre recensement des otages. Le quotidien israélien Haaretz en a identifié 199, dont cinq ont été libérés. Formé dès les heures qui ont suivi l’assaut du Hamas, le Forum des familles des otages et disparus en recense de son côté 201. A ce jour, le recensement le plus complet semble être le fait d’un petit groupe d’Israéliens basés à New York, dont les artistes Nitzan Mintz et Dede Bandaid. Leurs affiches, barrées de la mention «Kidnappé» sur fond rouge, ont fait le tour du monde. Traduites désormais en 37 langues et téléchargeables sur le site Kidnapped from Israel, elles comportent les portraits de 218 otages. Parmi eux figurent notamment 13 ouvriers agricoles thaïlandais. 25 au total ont été enlevés selon Bangkok, dont une douzaine n’ont donc pas été identifiés à ce jour.
Quel âge ont-ils ?
Le décompte le plus exhaustif à ce jour comporte 34 otages mineurs – dont 15 ont moins de 10 ans – et 24 de plus de 70 ans. L’otage le plus jeune, Kfir Bibas, est un bébé de 10 mois, enlevé avec son frère de 4 ans, Ariel, et ses parents Shiri et Yarden, dans leur maison du kibboutz de Nir Oz. A 86 ans, Arye Zalmanovich est l’otage le plus âgé, kidnappé lui aussi à Nir Oz, où ont été enlevés le plus grand nombre d’otages – plus de 70, selon Haaretz. Plus d’une centaine de prisonniers ont entre 18 et 39 ans, un nombre élevé qui s’explique à la fois par la présence parmi les otages d’une quarantaine de participants au festival de musique Tribe of Nova, décimé par les terroristes du Hamas, et d’une dizaine de soldats israéliens, âgés de 18 à 22 ans.
De quels pays sont-ils originaires ?
Là encore, aucun décompte officiel n’existe et les chiffres communiqués par les différents pays concernés ont fluctué ces dernières semaines. Si la grande majorité des otages sont israéliens, de nombreuses nationalités sont représentées, à commencer par la Thaïlande, qui a confirmé que 25 de ses ressortissants, qui travaillaient comme ouvriers agricoles dans «l’enveloppe de Gaza», avaient été capturés. Autre pays fortement affecté, l’Argentine compte 21 citoyens parmi les otages, quasiment tous binationaux, dont la famille Bibas. L’Allemagne en compte douze, dont quatre enfants de moins de 10 ans. Avec huit disparus confirmés, dont trois enfants (Eitan et Erez, 12 ans, et Sahar, 16 ans), la France est également concernée, tout comme les Etats-Unis, qui comptent une dizaine de ressortissants détenus dans la bande de Gaza, dont une fillette de 3 ans, Avigail Idan, dont les deux parents ont été tués dans l’attaque du kibboutz de Kfar Aza. Le Népal, la Colombie, les Pays-Bas ou le Mexique ont également des ressortissants ou des binationaux parmi les otages.
Combien d’otages ont retrouvé la liberté ?
A ce jour, seules cinq otages, toutes des femmes, ont été libérées. Deux ressortissantes américaines, Judith Tai Raanan, 59 ans, et sa fille Natalie Shoshana Raanan, 17 ans, relâchées le 20 octobre par le Hamas, qui avait invoqué des «raisons humanitaires». Puis, trois jours plus tard, deux Israéliennes, Nurit Cooper, 79 ans, et Yocheved Lifshitz, 85 ans, là aussi pour des «raisons humanitaires et des problèmes de santé», selon le mouvement islamiste palestinien. Le 30 octobre, l’armée israélienne a annoncé de son côté avoir secouru, lors d’un raid à l’intérieur de Gaza, la soldate Ori Megidish, 18 ans.
Certains otages ont-ils été tués ?
Officiellement, Tel-Aviv a confirmé à ce jour la mort de trois otages. Fin octobre, tout d’abord, celui de Shani Louk, jeune Germano-Israélienne de 23 ans capturée lors du festival de musique de Réïm, et présumée en captivité depuis la diffusion d’une vidéo violente dans laquelle on voyait son corps presque nu, gisant sur le ventre à l’arrière d’une camionnette, un homme armé assis sur ses jambes. La découverte par les enquêteurs israéliens d’un os crânien dont l’ADN correspond à celui de la jeune femme a mis fin, le 30 octobre, aux espoirs de la revoir vivante. Selon les médecins, elle a probablement été tuée d’une balle dans la tête dès l’attaque contre la rave party, le 7 octobre. Depuis, l’armée israélienne a confirmé la mort de deux autres otages : une soldate de 19 ans nommée Noa Marciano, initialement faite prisonnière vivante mais exécutée ensuite dans l’enceinte même de l’hôpital Al-Shifa à Gaza, selon les autorités israéliennes, et Yehudit Weiss, 65 ans, dont le corps a été retrouvé la semaine dernière par les soldats de Tsahal près de l’hôpital Al-Shifa de Gaza.
De son côté, le Hamas a régulièrement annoncé la mort d’otages dans des bombardements israéliens sur la bande de Gaza. Selon le groupe islamiste palestinien, plus de 60 otages, dont des étrangers et des militaires, auraient ainsi été tués depuis le début de la guerre. Des déclarations plausibles, compte tenu de l’ampleur des frappes et des destructions, mais impossibles à vérifier de manière indépendante.