«Toujours vivants.» A chaque aube, ils sont quelque 130 journalistes francophones à guetter ce message sur une boucle WhatsApp baptisée «Gaza-Vie» – l’idée était, bien avant la guerre, de dire que l’enclave palestinienne n’était pas synonyme de mort et de misérabilisme. La guerre a oblitéré les bonnes intentions. Désormais, dès que son portable affiche quelques barres de réseau, Rami Abou Jamous se doit de rassurer ses contacts. Walid, son fils de 2 ans et demi, Sabah, sa femme, et lui sont «toujours vivants».
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Souvent, la délivrance tarde et l’angoisse gagne le groupe de reporters, à qui l’accès à Gaza est toujours interdit. «Quelqu’un a réussi à joindre Rami ?» «J’ai vu sur une boucle Telegram que son quartier avait été bombardé…» «Un de ses amis me dit qu’il va bien.» Mais les bons jours, passé l’introduction vitale, Rami Abou Jamous redevient ce qu’il a toujours été : un journaliste. «Salut les amis ! Petit résumé sur ce qui se passe…» Et le voilà qui décrit, à coups de mémos vocaux depuis Rafah où il s’est réfugié, les échos des «massacres de la nuit», l’inflation délirante («le kilo de farine a été multiplié par dix»), les chances d’une trêve, les discours du Hamas auprès de la population, les douaniers corrompus qui font mo