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Rave party en Israël : «J’ai essayé de me cacher derrière l’arbre pour qu’en cas de tirs, cela ne me touche pas le visage»

Guerre au Proche-Orientdossier
Au lendemain de l’attaque du Hamas qui fait de nombreux morts dans la rave party près de la frontière avec Gaza, une festivalière raconte à la BBC l’enfer qu’elle a vécu.
Des raveurs fuient les tirs des assaillants du Hamas en marge d'une free party, le 7 octobre 2023. (Capture d'écran X @SimNasr)
publié le 8 octobre 2023 à 12h58

Entre les images et le nombre de morts, le massacre dans la rave party fait à ce jour partie des moments les plus effroyables de l’attaque du Hamas samedi. La BBC partage ce dimanche matin le témoignage de Gili Yoskovich quand le Jerusalem Post narre celui qu’a donné Raziel Tamir sur une radio. Les deux racontent l’horreur du massacre, dont le dernier bilan fait état de plusieurs dizaines de morts.

Gili Yoskovich faisait partie des centaines de jeunes qui participaient au festival de musique de danse dans le sud d’Israël, près du kibboutz Re’im, aux abords de la bande de Gaza, lorsque des hommes armés ont ouvert le feu samedi matin. «Ils étaient… partout avec des armes automatiques, se tenaient à côté des voitures et commençaient à tirer, explique-t-elle. Les terroristes venaient de quatre ou cinq endroits… […] Certaines personnes me tiraient dessus. J’ai quitté la voiture et j’ai commencé à courir. J’ai vu un endroit avec de nombreux arbres à pomelos et j’y suis allée. […] J’ai vu des gens mourir tout autour. J’étais très silencieuse. Je n’ai pas pleuré, je n’ai rien fait. [Les terroristes] sont restés dans la zone pendant trois heures. Personne n’était là, personne.» Selon la chaîne israélienne Channel 12 samedi soir, des dizaines de corps ont été retrouvés après la rave party attaquée par le Hamas.

Comme de nombreux autres témoins, elle raconte la longue attente, sans secours, avec les assaillants autour d’elle. «[Les assaillants] étaient très proches de moi et ma jambe tremblait. […] J’ai essayé de me cacher un peu plus derrière l’arbre pour qu’en cas de tirs, cela ne me touche pas le visage. Je suis resté allongée là pendant trois heures.»

Raziel Tamir, lui, s’est rendu à la fête avec quatre amis et a été réveillé dans sa tente vers 6 heures du matin par le bruit des coups de feu, de cris, d’explosions et une odeur de fumée. «Quand je suis sorti de ma tente, j’ai vu un nombre fou de cadavres, des terroristes courir et tirer partout, lançant des grenades classiques et grenades assourdissantes sur les gens. Les gens ont essayé de courir vers leurs voitures, mais les terroristes les ont attendus et les ont massacrés alors qu’ils tentaient de monter dedans.» Aucun de ses quatre amis n’a survécu.

Raziel Tamir dit avoir vu plus de 50 terroristes à l’intérieur de la zone, et d’autres encore qui encerclaient la zone. Il décrit une scène où lui et un ami ont zigzagué pour échapper aux tirs, «en sautant par-dessus les corps des gardes de sécurité et des soldats». Un certain nombre de soldats gisaient morts sur le sol, leurs armes, leurs casques et leurs gilets leur avaient été confisqués. «Nous étions une centaine de civils allongés au sol. Les soldats nous ont protégés avec leurs corps et nous les avons vus tomber [sous les tirs du Hamas] sous nos yeux.» Il assure enfin que certains assaillants palestiniens se sont déguisés en soldats de Tsahal et certains des fêtards, pensant qu’ils couraient vers leur armée, se sont fait tirer dessus.

Lui aussi a fui vers les parties arborées du lieu. «J’ai couru dans le verger et la première chose que nous avons vue, ce sont de nombreux blessés et des corps de soldats, de femmes et de jeunes.» Mais les assaillants tiraient partout et incendiaient une partie du verger. «Nous nous sommes allongés par terre sous les buissons, nous sommes recouverts de terre et de feuilles pour que notre peau et nos vêtements ne soient pas visibles. Les terroristes tiraient au sol et dans les arbres parce qu’ils savaient que des gens s’y cachaient. C’est un miracle que nous soyons sortis de là sans une égratignure», rapporte-t-il dans le Jerusalem Post.

«Comment se fait-il que nous soyons restés là-bas pendant si longtemps et qu’il n’y ait eu personne [pour nous secourir] ?»

L’armée est ensuite arrivée : «J’ai commencé à entendre de l’hébreu d’un côté, [mais aussi] de l’arabe en provenance de trois autres endroits, se rappelle Gili Yoskovich. […] Il y avait encore des terroristes dans les parages, alors j’y allais avec les mains levées pour qu’ils sachent que c’était moi et que je ne suis pas une terroriste. Puis quelqu’un m’a mis dans une voiture. […] Il a fallu aux autres deux ou trois heures de plus pour sortir [et] tout le long du trajet, les gens mouraient - tout le long de la route, des jeunes, [car] c’est un festival pour les jeunes.»

Gili Yoskovich conclut, autant désabusée qu’indignée : «J’étais sûre que l’armée viendrait, j’entendais des hélicoptères, j’étais sûre que l’armée descendrait avec des hélicoptères et des cordes et descendrait dans ce champ et nous sauverait. Mais il n’y avait personne. Juste tous ces terroristes. […] Comment se fait-il que nous soyons restés là-bas pendant si longtemps et qu’il n’y ait eu personne [pour nous secourir ndlr] ? Pas d’armée, pas de police. Rien.» Raziel Tamir, de son côté, ne réalise toujours pas : «Je ne crois pas être en vie ; Je ne sais pas si je suis en vie ou si c’est ce que ressentent les morts.

Mise à jour à 16 heures : avec le témoignage de Raziel Tamir.