Déménagement en urgence. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) qui organisait de vendredi à dimanche, sa 52e convention nationale sur le thème de l’immigration en Europe sur le campus rémois de la grande école parisienne, a dû trouver refuge à la mairie de la ville.
Des étudiants et militants qui avaient manifesté vendredi, ont décidé samedi matin d’occuper leur campus pour critiquer les exactions d’Israël à Gaza, et demander des sanctions contre l’Etat hébreu. Un drapeau palestinien a été accroché sur la porte de l’établissement, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux.
🚨La LICRA empêchée de débattre de l’immigration à @sciencespo Reims ! Un blocage organisé par des étudiants soutenus par Zabbaou Liman, élue #LFI.
— Licra (@_LICRA_) April 27, 2024
Ces méthodes liberticides sont inacceptables. L’idéologie tue l’esprit républicain. cc @ArnaudRobinet #SciencesPo https://t.co/FBb8afB5oZ pic.twitter.com/negR6f7iNl
La Licra a déploré sur X un blocage organisé selon elle «par des étudiants soutenus par» des élus LFI, critiquant des «méthodes liberticides […] inacceptables». Dans un communiqué publié samedi, elle a appelé «à un sursaut énergique de la direction de l’école Sciences-Po et à une réaction ferme des pouvoirs publics», estimant que «l’antisionisme radical est vecteur d’antisémitisme».
«On souhaitait débattre avec eux mais ils sont restés dans une posture idéologique», a regretté le président de la Licra Mario Stasi, auprès de l’AFP. Les débats ont donc été délocalisés à l’hôtel de ville de Reims, a indiqué la municipalité dans un communiqué, soulignant que le maire de Reims Arnaud Robinet «condamne fermement l’avancée de l’obscurantisme à Sciences-Po».
Dans un communiqué diffusé samedi 27 avril, les étudiants pro-palestiniens de Sciences-Po Reims nient pourtant avoir voulu empêcher la réunion de la Licra : «L’action que nous avons menée […] ne visait pas volontairement la déprogrammation de conférences quelles qu’elles soient», est-il écrit dans leur communiqué. Ils disent avoir ignoré jusqu’à 10 heures du matin, samedi, l’existence de cette convention dans leurs locaux et affirment avoir libéré les lieux à 10h30, précisément pour lui laisser la place. «Si cette conférence n’a pas pu avoir lieu, il ne s’agit donc ni d’une volonté de notre part, ni d’une réelle impossibilité d’accès au campus», conclut le communiqué.
Journée tendue à Sciences-Po Paris
Cet incident à Reims intervient au lendemain d’une mobilisation pro-palestinienne tendue sur le campus parisien de Sciences-Po, qui s’est conclue par un accord entre manifestants et direction. La situation s’était apaisée vendredi soir à Paris, la direction de Sciences Po Paris ayant annoncé la suspension de procédures disciplinaires et l’organisation d’un débat interne la semaine prochaine.
Le Premier ministre français Gabriel Attal avait affirmé samedi 27 avril qu’il «n’y aura jamais de droit au blocage» dans les universités, déplorant «le spectacle navrant» de l’occupation partielle du campus parisien par des manifestants pro palestiniens vendredi, qui a tourné au face-à-face tendu avec d’autres manifestants pro-Israël.
Ces mobilisations font suite à des mouvements sur des campus universitaires aux Etats-Unis, où des étudiants ont organisé manifestations et sit-in pour réclamer la fin de la guerre à Gaza et que leurs établissements rompent toute collaboration avec Israël.
Mise à jour à 16 heures : avec ajout du communiqué des étudiants pro-palestiniens de Sciences-Po Reims.