L’action est lourde de sens. Une militante du groupe Palestine Action a lacéré ce vendredi 8 mars à l’université de Cambridge un portrait de Lord Arthur Balfour, ancien secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, auteur en 1917 d’une déclaration exprimant le soutien du Royaume-Uni à l’établissement d’un «foyer national pour le peuple juif» en Palestine.
Dans une vidéo mise en ligne sur X (ex-Twitter) par le groupe, une activiste asperge de peinture rouge et lacère avec ce qui semble être un cutter, ce tableau de 1914 signé Philip Alexius Laszlo et accroché sur un mur de la prestigieuse faculté anglaise.
BREAKING: Palestine Action spray and slash a historic painting of Lord Balfour in Trinity College, University of Cambridge.
— Palestine Action (@Pal_action) March 8, 2024
Written in 1917, Balfour’s declaration began the ethnic cleansing of Palestine by promising the land away — which the British never had the right to do. pic.twitter.com/CGmh8GadQG
La police a confirmé l’incident et précisé qu’une enquête avait été lancée. «Aucune arrestation n’a eu lieu à ce stade», a-t-elle précisé dans un communiqué. Dans une déclaration, l’université de Cambridge «regrette les dégâts causés au portrait […] durant les heures d’ouverture au public» de l’établissement.
Le collectif Palestine Action estime que cet acte «symbolise le bain de sang du peuple palestinien depuis la publication de la déclaration de Balfour en 1917» et dénonce l’opération militaire israélienne à Gaza lancée par Israël en représailles à l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, qui avait fait au moins 1 160 morts, la plupart des civils. Après cinq mois d’une guerre dévastatrice, 30 878 personnes sont mortes à Gaza, selon les autorités du mouvement islamiste, et 1,7 million d’habitants ont été déplacés par les combats, selon l’ONU.
Déclaration Balfour
La déclaration Balfour, datant du 2 novembre 1917, est considérée comme un jalon important ayant favorisé la création d’Israël en 1948. La déclaration Balfour, adressée au Lord Walter Rothschild, éminent sioniste britannique, demandait également à ce que «rien» ne soit «fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives en Palestine, ou aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays».
Témoignage
«Les Britanniques ont initié le nettoyage ethnique de la Palestine, réalisant l’objectif sioniste de construire leur “maison” sur ce qui étaient des communautés, des villes, des villages, des fermes et des terres ancestrales palestiniennes», dénonce encore Palestine Action. Ce groupe se décrit comme un «réseau d’action directe» dont l’objectif est de dénoncer «la complicité britannique» avec l’Etat d’Israël, en particulier ses ventes d’armes.
En octobre des militants avaient recouvert de peinture rouge la façade du siège de la BBC à Londres, et en janvier, six membres du groupe avaient été arrêtés, soupçonnés d’avoir voulu perturber la Bourse de Londres. En France, Palestine Action est dans le viseur du gouvernement, qui a annoncé vouloir sa dissolution.