Avec une magnitude de 7,8, le premier séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie lundi a été le plus puissant dans la région depuis deux décennies. Les secousses ont même été ressenties par les sismographes jusqu’au Groenland, témoignant de l’ampleur du phénomène. «Les cartes des événements montrent que 23 millions de personnes sont potentiellement exposées, dont environ 5 millions de personnes vulnérables», a déclaré ce mardi une responsable de l’Organisation mondiale de la santé, Adelheid Marschang, lors d’une réunion du conseil exécutif de l’organisation.
Le séisme, suivi de puissantes répliques, a tué plus de 5 000 morts dans les deux pays. Un bilan encore provisoire. D’autant plus que Catherine Smallwood, responsable des situations d’urgence du bureau européen de l’OMS, anticipait lundi «un potentiel continu d’effondrements [de bâtiments] supplémentaires et nous voyons souvent des nombres huit fois plus élevés que les nombres initiaux».
Interview
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a également expliqué qu’une cartographie des dommages est en cours, afin de comprendre où l’organisation doit concentrer son attention. «C’est maintenant une course contre la montre. Chaque minute, chaque heure qui passe, les chances de retrouver des survivants vivants diminuent», affirme-t-il, se disant «particulièrement préoccupé par les zones où nous n’avons pas encore d’informations». «Les répliques sismiques, la rigueur des conditions hivernales, les dégâts causés aux routes, à l’alimentation électrique, aux communications et aux autres infrastructures continuent d’entraver l’accès et les autres opérations de recherche et de sauvetage», souligne le chef de l’OMS.
L’organisation va envoyer «trois vols charters dans les deux pays» avec des matériels médicaux, y compris des trousses chirurgicales, depuis la plateforme logistique humanitaire de Dubaï. «Nous mobilisons des matériels d’urgence et nous avons activé le réseau d’équipes médicales d’urgence de l’OMS pour fournir des soins de santé essentiels aux blessés et aux personnes les plus vulnérables», a poursuivi Tedros Adhanom Ghebreyesus.
«Une énorme crise»
Mais les deux pays ne sont pas en capacité d’apporter la même réponse à la catastrophe. «L’OMS connaît la forte capacité de réponse de la Turquie et considère que les principaux besoins non satisfaits pourraient se situer en Syrie dans l’immédiat et à moyen terme», a ajouté Adelheid Marschang.
«L’acheminement de l’aide par la frontière vers le nord-ouest de la Syrie risque d’être ou est déjà perturbé en raison des dégâts causés par le tremblement de terre. En soi, cela constitue déjà une énorme crise», relève la responsable de l’OMS. Et Tedros Adhanom Ghebreyesus d’envisager un travail de reconstruction de longue haleine : «Nous travaillerons en étroite collaboration avec tous les partenaires pour soutenir les autorités de Turquie et de Syrie, dans les heures et les jours critiques à venir, ainsi que dans les mois et les années à venir».