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Reportage

Séisme en Turquie : «On a vécu la guerre pendant six ans, en une journée, on a vécu encore pire»

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Séismes en Turquie et en Syriedossier
Dans la ville d’Iskenderun, à l’extrême sud de la Turquie, les secouristes tentent d’extraire des décombres les victimes du séisme qui a secoué la zone lundi, tuant au moins 11 700 personnes. Trois jours après le drame, l’espoir de trouver des survivants se réduit.
A Iskenderun mercredi, des équipes de secours espagnoles sortent des décombres de son immeuble Taner, 65 ans, resté coincé presque deux jours. (Marie Tihon/Hans Lucas pour Libération)
par Killian Cogan, envoyé spécial à Iskenderun (Turquie)
publié le 8 février 2023 à 20h37

Merve Aydin, la trentaine, regarde anxieusement les restes d’un immeuble dans le quartier Mustafa-Kemal à Iskenderun, ville de l’extrême sud de la Turquie. Trois jours après le séisme de magnitude 7,8 qui a secoué lundi la zone frontalière turco-syrienne, faisant au moins 11 700 morts, cinq membres de sa famille sont encore coincés sous les gravats. Une fumée noire et épaisse tache le ciel bleu éclatant. Elle émane du port de la ville où, lundi, des conteneurs de pétrole industriel ont pris le feu. Ce mercredi soir, l’incendie n’est toujours pas éteint.

A quelques mètres du bâtiment broyé par les secousses sont garés deux véhicules : une ambulance et un corbillard. Autour règne un silence de plomb. On cherche à entendre les voix des victimes enfouies sous les gravats. Entre deux pelleteuses, les secouristes poursuivent leurs efforts sans relâche. Soudain, en ce milieu d’après-midi, c’est l’exaltation. Les applaudissements retentissent. Une dizaine de sauveteurs parviennent à extraire Taner, 65 ans, des gravats. C’est le père de Merve et il est vivant. Des soignants le couchent sur un brancardier et l’acheminent vers une ambulance.

«Les soixante-douze premières heures sont cruciales»

«Nous avons passé treize heures à essayer de l’extraire, explique Cem, un sauveteur volontaire de 39 ans. Il va bien, et n’a souffert d’aucune fracture. Que des blessures mineures.» Un miracle. Mobilisé sur le site depuis lundi, Cem n’a pas fermé l’œil depuis quarante-huit heures. «Les soixante-douze premières heures sont cruciales c