Merve Aydin, la trentaine, regarde anxieusement les restes d’un immeuble dans le quartier Mustafa-Kemal à Iskenderun, ville de l’extrême sud de la Turquie. Trois jours après le séisme de magnitude 7,8 qui a secoué lundi la zone frontalière turco-syrienne, faisant au moins 11 700 morts, cinq membres de sa famille sont encore coincés sous les gravats. Une fumée noire et épaisse tache le ciel bleu éclatant. Elle émane du port de la ville où, lundi, des conteneurs de pétrole industriel ont pris le feu. Ce mercredi soir, l’incendie n’est toujours pas éteint.
A quelques mètres du bâtiment broyé par les secousses sont garés deux véhicules : une ambulance et un corbillard. Autour règne un silence de plomb. On cherche à entendre les voix des victimes enfouies sous les gravats. Entre deux pelleteuses, les secouristes poursuivent leurs efforts sans relâche. Soudain, en ce milieu d’après-midi, c’est l’exaltation. Les applaudissements retentissent. Une dizaine de sauveteurs parviennent à extraire Taner, 65 ans, des gravats. C’est le père de Merve et il est vivant. Des soignants le couchent sur un brancardier et l’acheminent vers une ambulance.
«Les soixante-douze premières heures sont cruciales»
«Nous avons passé treize heures à essayer de l’extraire, explique Cem, un sauveteur volontaire de 39 ans. Il va bien, et n’a souffert d’aucune fracture. Que des blessures mineures.» Un miracle. Mobilisé sur le site depuis lundi, Cem n’a pas fermé l’œil depuis quarante-huit heures. «Les soixante-douze premières heures sont cruciales c