L’aide internationale peut désormais accéder à toutes les zones sinistrées de Turquie et de Syrie. «Le Conseil des ministres a accepté l’acheminement des aides humanitaires à l’ensemble» du territoire syrien, «dont les zones hors du contrôle de l’Etat», a annoncé le gouvernement syrien. Jusque-là, la quasi-totalité de l’aide fournie aux zones rebelles touchées par les séismes de lundi dernier transitait au compte-gouttes, à partir de la Turquie par le point de passage de Bab al-Hawa, le seul actuellement garanti par les Nations unies. Damas a précisé que la distribution de l’aide devrait être «supervisée par le Comité international de la Croix-Rouge et le Croissant Rouge syrien», avec l’appui de l’ONU.
Il y a urgence. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), agence spécialisée des Nations unies, 874 000 personnes ont été touchées par le séisme en Turquie et en Syrie, et 77 millions de dollars sont nécessaires pour leur fournir des vivres. De part et d’autre de la frontière, des milliers d’habitations sont détruites et les secouristes redoublent d’efforts pour rechercher des rescapés. L’OMS estime que 23 millions de personnes dans les deux pays sont «potentiellement exposées, dont environ cinq millions de personnes vulnérables» et redoute une crise sanitaire majeure qui causerait plus de dommages que le séisme, plus meurtrier que celui de 1999.
Un point de passage a été ouvert à la frontière entre la Turquie et l’Arménie pour la première fois en 35 ans, a rapporté samedi l’agence officielle turque Anadolu. Cinq camions transportant de l’aide destinée aux victimes du séisme ont traversé samedi le point de passage d’Alican dans la province d’Igdir, a précisé Anadolu.
115 heures passées sous un amas de ruines
Si l’aide humanitaire de l’étranger afflue en Turquie – l’Allemagne a notamment annoncé vendredi qu’elle envoyait 90 tonnes de matériel par avion –, l’accès à la Syrie en guerre, dont le régime est sous le coup de sanctions internationales, s’avère plus compliqué. Les organisations humanitaires s’inquiètent particulièrement de la propagation du choléra, qui est réapparu en Syrie. D’après les derniers bilans officiels, le tremblement de terre, d’une magnitude de 7,8, a fait au moins 24 218 morts : 20 665 en Turquie et 3 553 en Syrie.
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Les opérations de sauvetage retrouvent encore des survivants dans les ruines de leurs habitations. A Jandairis, dans le nord-ouest de la Syrie, un garçon de 6 ans a pu être extrait en vie vendredi des décombres. Dans le sud de la Turquie, à Antakya, les secouristes ont également sorti vivants des débris d’un immeuble un nourrisson de 18 mois, puis son frère. Deux heures auparavant, une fillette de 3 ans avait elle aussi été secourue dans cette ville anéantie par le séisme. Vendredi après-midi, une mère et ses deux enfants ont été sauvés des décombres à Gaziantep (sud-est). A Nurdagi, dans cette même province, une femme enceinte de six mois a elle aussi pu sortir vivante des décombres, après quelque 115 heures passées sous un amas de ruines. Sa fille de 6 ans a été sauvée elle aussi une heure plus tôt.
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, est arrivé samedi dans la ville syrienne d’Alep. Depuis le tarmac, il a annoncé aux journalistes sur place l’arrivée de «près de 37 tonnes de fournitures médicales d’urgence». «Cela contribuera à l’aide d’urgence aux personnes touchées», a-t-il ajouté, précisant qu’il s’agit des premières aides et que plus de 30 tonnes supplémentaires devraient arriver dimanche. «Nous continuerons à vous soutenir pour apporter plus de fournitures d’urgence», a-t-il poursuivi, notamment celles prévues pour «la gestion des traumatismes».
«La visite de Tedros Ghebreyesus est importante pour constater les dégâts causés par le séisme ainsi que la pénurie de matériel médical et de médicaments dans les hôpitaux», a déclaré de son côté le ministre syrien de la Santé, Hassan al-Ghabach. «Nous souhaitons que Tedros Ghebreyesus voie la réalité des hôpitaux et ce qui leur manque en termes d’équipements», a-t-il ajouté, disant miser sur l’OMS pour qu’elle «les mette à disposition afin de fournir les services de santé requis».
Mis à jour à 13h39 avec l’ouverture d’un point de passage entre la Turquie et l’Arménie.
Mis à jour à 14h35 avec la visite de l’OMS.