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Libération
Urgence humanitaire

Selon MSF, «Gaza est devenue une fosse commune pour les Palestiniens et ceux qui leur viennent en aide»

Guerre au Proche-Orientdossier
L’ONG décrit un «siège inhumain et mortel» dans ce territoire de 45 km², encore amplifié depuis la reprise de l’offensive israélienne le 18 mars.
A Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 14 avril 2025. (Bashar Taleb/AFP)
publié le 16 avril 2025 à 11h01

Une phrase choc qui résume la situation dans l’enclave palestinienne : «Gaza est devenue une fosse commune pour les Palestiniens et ceux qui leur viennent en aide», a dénoncé ce mercredi 16 avril l’ONG Médecins sans frontières (MSF), en réaction aux opérations militaires et au blocus imposé par Israël sur l’aide humanitaire. «Nous assistons en temps réel à la destruction et au déplacement forcé de toute la population de Gaza», déclare Amande Bazerolle, coordinatrice d’urgence de MSF à Gaza, qui estime que la réponse humanitaire est «gravement entravée par l’insécurité constante et les pénuries critiques».

Une série d’attaques meurtrières menées par les forces israéliennes témoigne «d’un mépris flagrant pour la sécurité des travailleurs humanitaires et médicaux à Gaza», accuse l’organisation, dont onze collaborateurs ont été tués depuis le début de la guerre dans l’étroit territoire palestinien. «Nous appelons les autorités israéliennes à lever immédiatement le siège inhumain et mortel imposé à Gaza, à protéger les vies des Palestiniens ainsi que celles du personnel humanitaire et médical, et à œuvrer, avec toutes les parties, au rétablissement et au maintien d’un cessez-le-feu», poursuit MSF dans son communiqué.

Après deux mois de trêve, Israël a repris le 18 mars ses bombardements aériens suivis d’une offensive terrestre dans la bande de Gaza, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, estimant qu’une pression militaire accrue était le seul moyen de forcer le Hamas à rendre les otages enlevés lors de l’attaque sans précédent du 7 octobre 2023.

«Pas un échec humanitaire, mais un choix politique»

Israël empêche également l’entrée de toute aide humanitaire sur le territoire et, selon MSF les stocks de nourriture, de carburant et de médicaments sont épuisés. L’association évoque en particulier des pénuries de médicaments pour le traitement de la douleur et des maladies chroniques, d’antibiotiques et de matériel chirurgical essentiel.

Sans approvisionnement en carburant, les hôpitaux qui produisent l’électricité leur permettant de fonctionner avec des générateurs, ne seront plus en mesure d’opérer ou de maintenir en vie les patients critiques. «Il ne s’agit pas d’un échec humanitaire, mais d’un choix politique et d’une attaque délibérée contre un peuple, menée en toute impunité», accuse Amande Bazerolle.

Les bombardements et combats limitent très fortement ce que MSF est capable de faire. Ainsi depuis le 18 mars et la reprise des opérations militaires, l’ONG n’a pas pu retourner à l’hôpital indonésien du nord de Gaza. «Nos équipes devaient commencer à gérer le service pédiatrique mais ont dû fuir l’hôpital de campagne installé juste à côté de l’enceinte. Les cliniques mobiles de MSF dans le nord de Gaza ont été suspendues, et dans le sud, les équipes n’ont pas pu retourner à la clinique Al-Shaboura, à Rafah».